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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 5
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Clément, Charles: Géricault, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0474

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GÉRICAULT.

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vit revenir d’une de ces escapades couvert de boue, dans un état pitoya-
ble. Il était tombé dans la rivière et s’était fait un grand trou dans la
cuisse. Le pauvre Géricault était très-honteux de ces aventures, jurait
qu’on ne l’y prendrait plus, mais ces résolutions ne tenaient pas long-
temps.

C’est Charlet qui a raconté cette histoire d’une tentative de sui-
cide à Londres, dont personne hors lui n’a jamais entendu parler.
« Charlet rentrant à l’hôtel à une heure avancée de la nuit, dit M. de La
Combe, apprend que Géricault n’est pas sorti de la journée et qu’on a
lieu de craindre de sa part quelque sinistre projet. Il va droit à sa chambre,
frappe sans obtenir de réponse, frappe de nouveau, et comme on ne
répond pas davantage, enfonce la porte. Il était temps! un brasier brûlait
encore et Géricault était sans connaissance, étendu sur son lit; quelques
secours le rappellent à la vie. Charlet fait retirer tout le monde et s’assied
près de son ami.

« Géricault, lui dit-il de l’air le plus sérieux, voilà déjà plusieurs fois
que tu veux mourir; si c’est un parti pris, nous ne pouvons l’empêcher.
A l’avenir, tu feras donc comme tu voudras, mais au moins laisse-moi
te donner un conseil. Je te sais religieux; tu sais bien que, mort, c’est
devant Dieu qu’il te faudra paraître et rendre compte; que pourras-tu
répondre, malheureux, quand il t’interrogera?... Tu n’as seulement pas
dîné... »

Géricault, éclatant de rire à cette saillie, promit solennellement que
cette tentative de suicide serait la dernière L

Eh bien, tout cela ne serait qu’une de ces facéties cyniques, une de
ces inventions féroces dont Charlet se rendit plus d’une fois coupable.
Géricault avait sans doute des moments d’humeur sombre; mais il fut
relativement tranquille et heureux pendant qu’il habita l’Angleterre,
comme en témoigne sa correspondance; et M. Dorcy, qui alla le rejoindre
à Londres au commencement de 1821, n’a rien su ni rien vu qui puisse
donner la moindre créance à une anecdote qu’il dément de la manière
la plus catégorique 1 2.

1. Charlet, etc., par le colonel de La Combe, p. 19.

2. Charlet garda cependant un vif souvenir de Géricault et il s’occupa activement
de la souscription que l’on ouvrit pour lui élever un tombeau, comme le prouve une
lettre, très à sa décharge, qu’il écrivit à cette occasion. Cette pièce est inédite, et
quoique les premières lignes seules se rapportent à Géricault, je la donne en entier;
elle complétera l’intéressant recueil du colonel de La Combe :

« Mon cher ami, je te remercie de ce que tu fais pour Géricault, qui n’a trouvé
que de froids souvenirs, et dont la souscription ne dépasse pas 1,800 ou 2,000 fr. Il
 
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