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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 6
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Gruyer, François-Anatole: Les Vierges de Raphael: le Songe du chevalier
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0619

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586

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qui, transformées par l’amour religieux, sont devenues le germe des con-
ceptions grandioses. La descendante des Portinari brille dans la Divine
Comédie, et la fille d’Audibert de Noves rayonne dans les Sonnets; l’hon-
neur, l’amour, la fidélité, les accompagnent d’un bout à l’autre de ces
poésies, et les placent à des hauteurs inaccessibles aux pensées vulgai-
res. Raphaël paraît à son tour, et pour lui la Vierge va être une source
inépuisable de tableaux divins. A cette source infiniment pure, il
viendra sans cesse se laver des souillures du monde, et peintre, il ne
gardera des formes réelles de la vie que ce qu’il en faut pour arriver
à l’âme par l’intermédiaire des sens... Il voit d’abord, ou plutôt il ima-
gine la femme comme on la rêve avant de la connaître. L’amour lui
apparaît, comme au jeune âge de la chevalerie, avec son cortège d’hon-
neur et de fidélité. Sous le calme des vierges ombriennes, sous le rayon-
nement de la beauté mystique des saintes qui entourent le trône de la
Madone, il entrevoit l’humanité, et sous la parure mondaine de la jeune
fille, qu’il regarde comme l’emblème du plaisir, on sent tressaillir encore
les ailes de l’ange.

Ce tableau est donc comme un charmant prologue à l’étude que nous
voulons entreprendre. Nous y voyons les germes de grâce et de beauté
répandus à profusion par le christianisme dans tous les courants de la
vie, et déjà, de ce rêve enchanteur, de cette union idéale du monde et de
la sagesse, surgit devant nous la grande idée de la Vierge 1.

G Ce pelit tableau est très-bien conservé. 11 est signé, raph. vrbi. inv. — Au siècle
dernier, il faisait partie de la galerie Borghèse, d’où il passa entre les mains de
W. Young Ottley, qui le revendit en 1801, au prix de 470 livres sterling (11,750 fr.),
à sir Thomas Lawrence. Il devint ensuite la propriété de lady Sykes. En 1847, le révérend
T. Egerton, héritier de lady Sykes, le céda à la National Gallery, moyennant 1,050 livres
sterling (26,250 francs). La National Gallery a joint à cette peinture le dessin original
exécuté à la plume. Ce dessin a été piqué pour être décalqué sur le panneau.

A. GRUYER.
 
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