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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 1
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Burty, Philippe: Exposition de la Royal Academy, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0068

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EXPOSITION DE LA ROYAL ACADEMY.

G1

De la salle 2, ou de la central Hall, on entre dans le grand salon,
qui est loin d’être aussi élevé que les nôtres et dont la forme de carré
allongé est plus favorable à la décoration. Je traverse rapidement les
galeries où le classement est mieux ordonné qu’en France, parce qu’il
est fait par des artistes. J’arrive à la salle des aquarelles, qui montre, ainsi
que je le disais plus haut, que l’art de laver s’est transformé en une sorte
d’intermédiaire entre l’aquarelle, la gouache et l’huile et n’a plus ni fran-
chise, ni accent. J’entre enfin dans la vaste lecture Hall, ou sont accro-
chés les projets d’architecture, les grands dessins, les eaux-fortes, les
burins et les bois. Là je retrouve les eaux-fortes et les pointes sèches de
M. A. Legros, les paysages de M. E. Edwards, dont j’aurais dû citer, à la
peinture, une Mer sur les côtes de Cornouailles, retentissante comme cette
mer aux mille voix qu’à chantée Homère. M. Seymour-IJaden a envoyé
aussi une étude de marine d’un caractère puissant et rêveur. C’est une
de ces longues vagues, formées au sein tranquille des océans que ne fend
jamais l’hélice des steamboats, qui vient en roulant se briser contre les
côtes de l’Angleterre. Cette étude a été gravée sur nature. Elle est tout
imprégnée de vérité poétique. M. Haden, qui ne travaille plus guère, reste
encore le maître incontesté de l’eau-forte pittoresque. — Là aussi sont
les bois de M. Swain, si lumineux, si vibrants, si fidèles aux intentions
du dessinateur et véritables chefs-d’œuvre pour les magazines et les édi-
tions de luxe.

Au moment de clore ces notes et de les signer, je suis pris d’un certain
sentiment d’appréhension. Je crains d’avoir abusé de la patience du lec-
teur français et de paraître bien sommaire à celui qui me lira au delà de
la Manche. Pourquoi n’organise-t-on pas de fortes expositions internatio-
nales. Les Idées générales y gagneraient autant que les faits particuliers.
Lien des préjugés tomberaient et il y aurait échange de qualités. La Royal
Academy of arts de Londres peut provoquer les artistes français à venir
exposer chez elle, parce qu’elle est un corps et qu’elle veille à ses inté-
rêts. Mais en France, cette abstraction flottante, embarrassante qui s’ap-
pelle l’Administration n’a pas qualité pour prendre la même initiative. 11
faut donc renoncer aux bienfaits d’une entente cordiale jusqu’au jour
où, se constituant en une corporation libre, les artistes français se sen-
tiront assez indépendants pour traiter eux-mêmes leurs propres affaires.
Ce jour-là, on sera bien surpris des progrès que réalise chaque jour
l’école anglaise, sous les impulsions combinées de talents énergiques et
jeunes et d’une critique loyale et vaillante.

PHILIPPE IÎÜRTY.
 
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