Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Viardot, Louis: Collection de dessins originaux au château grand-ducal de Weimar
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0099

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
92

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Michel-Ange, dont le grand carton, colorié probablement par Daniel de Volterre, est
aujourd’hui dans la National Gallery de Londres.

Après ces noms, pris parmi les douze grands dieux de la peinture, viennent
ceux de quelques demi-dieux : Era Bartolommeo (il Frate), dont la part est plus
considérable que partout ailleurs, Andrea del Sarto, Jules Romain, Parmigianino,
Ribera, Paul Véronèse enfin. Vous verrez à Weimar le premier tracé de cette immense
et brillante composition décorative que nous appelons les Noces de Cana, celle que
M. Denon eut l’heureuse chance de conserver au musée du Louvre, en faisant accepter
en échange pour Venise, par les naïfs négociateurs de l’Autriche, le Repas chez le
Pharisien de Charles Lebrun.

Les écoles du Nord sont beaucoup moins riches, parmi les dessins de Weimar, que
celles du Midi. Tl n’y faut guère chercher que Rubens et van Dyck. L’illustre disciple
a seulement plusieurs portraits préparés, soit au simple crayon, soit en grisaille.
L’illustre maître a des portraits aussi, entre autres celui de je ne sais quel commandant
militaire à cheval. Mais il a, de plus, quelques véritables compositions. D’abord deux
vastes pendants qui représentent, l’un la Tête de saint Jean apportée à Salomé;
l’autre, Salomé présentant la télé de saint Jean à Rérode et à Hêrodiade pendant
un festin. Je n’ai point à décrire ces dessins fort compliqués, de l’effet le plus gran-
diose; et, bien que je ne puisse indiquer, malgré les souvenirs qui me restent de tous
les musées et de toutes les galeries de l'Europe, où sont les tableaux dont ils doivent
être l’esquisse ou la-réduction, il me semble impossible que Rubens ne les ait pas
portés sur la toile. Je ferai seulement une observation : par l’extrême précision des
contours, par l’extrême fini des moindres détails, enfin par les rehauts da couleur
blanche ou rouge qui les parachèvent, de tels dessins ressemblent moins aux prépara-
tions d’un tableau, où l’artiste semble saisir et fixer le premier jetde sa pensée, qu’aux
préparations d’une gravure, où s’indique et se précise avec patience et sûreté le futur
travail du burin. Plus parfaits, ces dessins sont moins précieux. Je puis faire la même
réserve, et hasarder la même opinion, à propos d’un autre magnifique dessin au crayon
rouge qui traduit, en la réduisant de forme et non de style, la plus belle, à mon avis,
des œuvres de Rubens que possède l’Angleterre, celle qu’on peut nommer l’une des
gloires de la célèbre galerie des marquis de Westminster à Grosvenor-House. C’est la
composition ultra-mythologique où Vénus, trompée par la Calomnie, et surprenant
Ixion avec la Nue qu’elle croit être Junon, va dénoncer au maître des dieux la faute
apparente de son acariâtre rivale, pour prendre sa revanche du filet de Vulcain.

Weimar est dès longtemps une petite Athènes par les lettres; elle a le noble
orgueil de mériter encore ce beau nom par les arts. Le grand duc actuel vient de faire
élever sur un heureux emplacement, à l’abri de la poussière, de la fumée et des
craintes d’incendie, un édifice de bel aspect, très-bien construit, très-bien distribué,
où ne manqueront ni l’espace, ni la lumière, ni le silence, pour y former un musée.
Mais l’enveloppe seule est faite; l’abri seul est préparé. Dans ces galeries que le vide
rend sonores, dans ces cabinets dont les rayons du jour inondent les blanches parois,
rien encore n’est exposé. Le visiteur, admis à parcourir ces salles expectantes, ne
trouve rien de plus que la série des fresques dont M. Preller, traduisant l’Odyssée
avec le pinceau, a orné la galerie d’entrée. Ces fresques, assurément, valent bien une
visite. Elles ne sont pas seulement savantes et ingénieuses, comme toutes les œuvres de
l’Allemagne; mais pittoresques aussi, et remarquables à la fois par les figures qui
prennent part aux aventures d’Ulysse, par les paysages qui les encadrent, enfin par un
 
Annotationen