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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Viardot, Louis: Collection de dessins originaux au château grand-ducal de Weimar
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0100

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DESSINS ORIGINAUX A WEIMAR.

93

ton général très-contenu, très-modeste, sans aucune des nuances criardes et tapageuses
qui déparent les fresques de la Glyptothèque à Munich, par un ton bien fait pour
s’accommoder aux exigences de l’architecture et lui prêter un secours fraternel.

Mais ces fresques ne peuvent être qu’une introduction au musée; elles ne seront
pas le musée lui-même. Et quand on pense que Weimar est entouré par Dresde,
Munich, Cassel, on se demande : avec quoi luttera-t-elle contre un si redoutable voisi-
nage? Où sont les tableaux qu’elle possède? Où sont ceux qu’elle puisse acheter? Où
sont même ceux qui soient à vendre ? Ni le zèle incessant, ni les ressources d’une
immense richesse, ne suffisent plus — la National Gallery de Londres en sait quel-
que chose — pour rassembler des chefs-d’œuvre dignes d'un musée, car on n’en fait
plus guère, et ceux qu’ont laissés les vieux maîtres sont dès longtemps recueillis dans
des collections de mainmorte d’où ne pourraient les faire sortir que la force violente
et la conquête brutale.

Ne pouvant plus retrouver les chances heureuses d’un Auguste III à Dresde ou
d’un Maximilien Ier à Munich, le grand-duc de Saxe-Weimar se contentera-t-il de
tableaux modernes? Ce ne serait pas fonder un musée, mais seulement une exposition
permanente. Comment faire ? Comment imiter ses heureux devanciers des capitales
voisines ? Cela paraît difficile, impossible même ; et pourtant rien n’est plus aisé. Sans
patience et longueur de temps, sans courses et recherches, sans erreurs ou super-
cheries, même sans nulle dépense, il peut sur le champ meubler son musée de façon
à lutter avec ses riches voisins, à leur disputer les visiteurs de tous pays qui se
pressent dans leurs pinacothèques, à rendre fameuse d’une nouvelle manière sa petite
capitale, à lui donner un lustre particulier, une renommée spéciale : il n’a qu’à
exposer dans les salles de la Gemàlde-Sammlung, sous des vitrines qui les protègent
sans les cacher, les admirables dessins de maître dont je viens, cher Monsieur, de vous
donner un inventaire abrégé. Je suis sûr que, vous empressant de les aller voir, com-
prendre et adorer, vous seriez l’un des premiers à me permettre de dire fièrement :
ma prédiction s’est accomplie.

Agréez, etc. louis viardot.
 
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