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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Calamatta
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0109

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102

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

marteau jusqu’à ce qu’il ait fait disparaître entièrement la dépression
causée par le grattage. On conçoit qu’une opération de ce genre ne peut
être strictement limitée aux parties que le peintre a remaniées, et que
les parties environnantes doivent se ressentir des coups de marteau par
lesquels on a replané le métal. Ces difficultés matérielles expliquées à
Ingres ne l’avaient pas converti. Enfin, Calamatta, après deux ou trois
concessions qui lui avaient été arrachées par des cajoleries ou des em-
portements, s’était refusé à toute amélioration d’architecture et avait
déclaré net qu’il abandonnerait sa planche plutôt que de la recommencer
ainsi partiellement, toutes les fois qu’il prendrait fantaisie à Ingres de
perfectionner sa composition. Cette déclaration formelle n’empêchait pas
le peintre d’apporter encore de temps à autre un nouveau calque, ou,
comme l’on dit dans les ateliers, une nouvelle retombe, qui restait entre
les mains du graveur, sans trouver place sur la gravure.

Après sept ans de travail, l’estampe du Vœu de Louis XIII fut termi-
née : elle parut en 1837. Ingres était alors en Italie, ayant été nommé
directeur de l’Académie de Rome en 1835. Ce fut au moment où la plan-
che s’imprimait, qu’un ami de Calamatta, un Corse, qui était un peu de
mes parents, M. Silvestre Poggioli, me fit faire sa connaissance. Quelque
temps après, cédant à mes instances, Calamatta voulut bien me recevoir
chez lui comme élève. — « Savez-vous dessiner? » ce fut la première ques-
tion que m’adressa mon nouveau maître. — Hélas! je savais, du dessin,
ce que j’en avais appris au collège, et rien de plus. On m’avait exercé,
suivant l’usage alors universel, à copier les modèles de Lebarbier, qui
étaient des gravures à la manière du crayon, et dont il s’agissait d’imiter
fidèlement le grainé, les hachures et les coups de force. On nous ensei-
gnait à finir avant de nous enseigner à construire. Bref, j’étais un pauvre
dessinateur. Calamatta me conseilla d’aller chez Paul Delaroche, qui
venait d’ouvrir une école rue Mazarine, dans les bâtiments de l'Institut,
et de réétudier là le dessin d’après la bosse et ensuite d’après le modèle
vivant. Mais comme il fallait bien, avant de savoir dessiner, apprendre à
manier la pointe et le burin, le grattoir et le brunissoir, mon maître me
mit en présence d’une estampe d’Edelinck. Je devais préparer à la pointe
sèche et discipliner mes tailles, semblables à celles du modèle, et les
rentrer ensuite au burin jusqu’à ce qu’elles fussent au ton de l’original.

Je ne me sentais pas beaucoup d’attrait pour cet exercice; mais il
était égayé par les conversations vives de l’atelier, que fréquentaient alors
des hommes d’un esprit cultivé, des poètes et des artistes italiens, notam-
ment Giannone, Onofri, Bernardi, et, entre autres Français, un M. Legrand
 
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