Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Michiels, Alfred: Génie de David Teniers
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0250

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GÉNIE DE DAVID T EN I EUS.

239

Les leçons publiques de dessin et de perspective commencèrent
en 1664. On avait mis un an à préparer les salles d’étude, un procès
ayant retardé les travaux. Les magistrats firent solennellement l'inaugu-
ration de l’école. La ghilde représenta une pièce de circonstance, à la fin
de laquelle facteur qui jouait le rôle d’Apollon descendit du théâtre et
mena le corps municipal, entouré de musiciens, dans les pièces destinées
à recevoir les élèves. L’Académie garda ce domicile jusqu’en 1811, où
elle fut transportée à l’ancien couvent des Minimes, plus commode pour
l’enseignement : on venait d’ailleurs d’y former un musée.

La fondation d’une école régulière à Anvers n’eut pas lieu sans exciter
des murmures. Beaucoup d’amateurs prétendaient (et je partage leur
opinion) que la discipline des ateliers, avec l’inspiration personnelle du
maître, avec l’exemple qu’il donnait par une habile pratique, l’emportait
de beaucoup sur l’instruction pédantesque, monotone, conventionnelle
et glacée des académies. Le premier système a produit une foule de
grands hommes ; l’autre n’a rien produit du tout. Le génie et le talent
sont des forces individuelles, qui ont besoin non-seulement de liberté,
mais de caprice, de fougue et de solitude.

David Téniers, qui a peint tant d’objets divers, reproduit tant de
types et de scènes joyeuses, ne pouvait manquer de se prendre lui-même
pour modèle et de retracer sur la toile toute sa famille. Il reparaît donc
souvent dans ses tableaux, avec l’une ou l’autre de ses femmes et avec
les enfants qu’elles lui avaient donnés. Une œuvre admirable, possédée
par Mme Wuyts, à Anvers, nous le montre ainsi près d’Anne Brueghel.
C’est un homme d’un tempérament sanguin, à la chevelure brune, à la
peau légèrement hâlée : ses yeux, son nez, sa bouche, sont d’une belle
forme ; il a la tête un peu trop près des épaules, le front assez bas, le
menton volumineux. La jolie ligure de sa femme, sa mise coquette, son
gracieux maintien, expliquent l’amour qu’elle lui inspira. Coiffée à la
Sévigné, le teint pâle, les yeux grands et beaux, le front spacieux et
régulier, elle a seulement la bouche un peu trop large : ce qui ne dut
pas l’empêcher de faire naître plus d’un caprice, avant et après son
mariage, Anne tient sur ses genoux un gracieux bambin, qui a pour tout
costume une chemise : deux autres enfants, qu’on voit debout près
d’elle, complètent ce tableau de famille. Le coloris en est brillant, léger,
harmonieux, le dessin très-ferme-, jamais artiste n’a mieux peint.

ALFRED MICIUELS.
 
Annotationen