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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 3
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Michiels, Alfred: Génie de David Teniers
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0249

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GAZETTE DES 1)EAUX-ARTS.

magistrats le libre usage des salles de la Bourse, qui occupaient le côté
oriental; elle en prit solennellement possession le jour même de la fête
de saint Luc. Elle tenait ses séances, jusqu’à cette époque, dans .une
maison située rue Neuve, près de l’ancien couvent des Victorines, maison
que distinguent sa vieille façade gothique et les portraits des deux frères
van Eyck. Gonzalès Coques, nommé doyen en 1664, s’occupa très-acti-
vement à consolider la nouvelle position de la ghilde et à tirer parti de
ses récents privilèges. Plusieurs lettres, conservées dans les archives de
la compagnie, témoignaient de son zèle. Artus Quellin, le fameux sta-
tuaire, exécuta en marbre le buste du marquis de Caracena, pour prouver
que la corporation lui savait gré de son obligeance : ce buste orna le
local où se réunissaient les artistes.

L’année suivante, Jacques Jordaens peignit pour le même local trois
tableaux, dont il lit présent à la compagnie : on les voit maintenant au
musée d’Anvers. L’un, qui décorait le plafond de la grande salle, figure
les sommets du Parnasse et le cheval Pégase prenant son vol. Un autre
a pour sujet le Commerce et l’Industrie protégeant les Beaux-Arts : le
dernier représente la loi humaine basée sur la loi divine; Moïse y tient
les tables fameuses, où se trouvent les inscriptions suivantes, que montre
Aaron : — « Écoutez-les et jugez selon la justice, que ce soit un compa-
triote ou un étranger ». — « Tu ne feras point d’iniquités, tu ne jugeras
pas injustement ; tu ne haïras pas la misère du pauvre : tu ne convoi-
teras point la face du puissant. » Maximes très-belles, dont le législa-
teur hébreu sentait l’importance, mais qu’on n’a jamais pu faire observer
depuis trente ou quarante siècles. Au-dessous, on lit ces mots latins :
Arti pictoriœ Jacobus Jordaens donabat.

L’Académie ne fut pas ingrate et offrit en retour au célèbre artiste
une aiguière d’argent, sur laquelle on avait gravé trente-deux vers fla-
mands, publiés par M. van Ertborn, que nous croyons inutile de traduire.

Théodore Boeyermans, peintre du plus grand mérite, se piqua d’hon-
neur. En 1666, une année après Jordaens, il exécuta pour l’Académie
deux morceaux que l’on voit aussi au musée d’Anvers. L’un représente,
comme l’inscription le dit avec un solécisme : Anvers, mère nourricière
des peintres1; l'autre les rapports intimes, et en quelque sorte frater-
nels, de la Poésie et de la Peinture. Le vaste monument qui remplit le
fond de la scène est dû au pinceau de Thierry van Delen. Boeyermans
reçut de la ghilde une belle coupe de vermeil, où il eut la satisfaction
de lire vingt-quatre vers flamands rimés en son honneur. 1

1. Auhverpia pictorum nutrici.
 
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