Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 2.1869)

EXPOSITION INTERNATIONALE DE MUNICH.

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Cependant le directeur paysagiste ayant fait une absence, ceux qui le
remplaçaient ont pris sur eux de tirer les deux grandes toiles de leur
obscurité pour leur donner une place plus convenable, en les substi-
tuant à des cartons peu intéressants. La Divine Tragédie a été mise hier
seulement, 7 septembre, dans le salon d’honneur en toute lumière.

Chacun peut maintenant pénétrer du regard dans cette composition
profonde, nombreuse, pleine et fière, où tant d’idées s’agitent sous des
formes héroïques. En ce moment on est en train d’enlever deux statues
qui obstruaient la vue du tableau, et déjà les étrangers qui sont dans le
secret de l’art, et quelques artistes indigènes qui se rattachent, au moins
en pensée, à la tradition, se pressent devant la Divine Tragédie et sem-
blent s’étonner que l’école qui avait illustré la Bavière ait abdiqué en
faveur d’un peintre français, nourri de la substance des grands maîtres
italiens, et capable d’exprimer dans leur langue des idées qui n’étaient
pas de leur temps, mais qui sont essentiellement du nôtre.

Peut-être faut-il attribuer au parti ultra-clérical le peu d’empresse-
ment qu’a montré le directeur à mettre en lumière un tableau si connu
en France pour être philosophique. Toujours est-il qu’en dépit des esprits
étroits à qui la philosophie porte ombrage, et en dépit des paysagistes et
des peintres d’anecdotes, qui se sentent très-diminués et très-minces à
côté de cette grande et mâle peinture, la Divine Tragédie occupe dès
à présent dans les esprits la place qu’elle occupe, depuis hier, sur les
murailles de l’Exposition.

E. M.