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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 5
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Grangedor, J.: Exposition de l'Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie, [2], Les écoles de dessin
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0441

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LES ÉCOLES DE DESSIN EN FRANCE.

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libre des Frères, sur la galerie extérieure, nous retrouvons même la
représentation de cet objet d’art défigurée jusqu’à la caricature. Le soin
matériel apporté au travail indique cependant une somme considérable de
temps et d’application dépensée. Les auteurs ont cru qu’il suffisait d’obéir
à quelques prescriptions de la perspective, et ils y ont obéi les yeux
fermés; ils ont tracé, mais ils n’ont point dessiné. La confiance absolue
dans le procédé mathématique a paralysé chez eux le sentiment élémen-
taire de la proportion ; à l’école de la demi-science, ils ont perdu l’instinct
naturel.

Car, voici qui est grave, ces images, qui nous font voir des choses,
régulières par leur nature, faussées, tordues, déjetées, ont passé sous les
yeux des maîtres, ont été peut-être choisies parmi bien d’autres, emballées
avec soin pour être expédiées au palais de l’Industrie. Combien donc de
personnes se sont ici trompées de très-bonne foi, parce quelles se
croyaient garanties par l’observation très-incomplète, il faut le dire, de
certaines règles de la perspective ! Dans le dessin pittoresque, une irré-
gularité trop grande fût devenue choquante presque pour le premier
venu ; on ne l’eût pas tolérée : ici, au contraire, dans le tracé géomé-
trique, tout encombré de ses lignes de construction, qui restent là comme
preuve de la régularité patiente d’un travail minutieux, la critique ordi-
naire hésite, car la science semble avoir parlé.

C’est à la fausse certitude que donne la pratique des mesures qu’il
faut faire la guerre, parce quelle amène fatalement un amoindrissement
de nos facultés naturelles de comparaison et de jugement. Pourquoi donc,
lorsque dans le dessin copié sur l’estampe tout professeur empêche l’é-
lève paresseux de mesurer une à une et dans le détail toutes les dimen-
sions de son modèle, pourquoi, dis-je, viendrait-on prétendre que le
tracé par mesure, exécuté en premier lieu, est la base naturelle des études
de dessin? C’est le contraire qui est vrai. Comme vérification dernière
de quelques longueurs ou dimensions appréciées tout d’abord à simple
vue, la mesure est très-souvent utile lorsqu’il s’agit d’apprendre.

Commencez par exercer l’œil et la sensibilité que la nature vous a
donnés ; plus tard vous comprendrez mieux la véritable valeur des mé-
thodes mathématiques, et en les employant dans les arts vous saurez
alors n’en point faire abus.

Que l’on veuille bien se rappeler que nous parlons ici du dessin pro-
prement dit, des beaux-arts appliqués à l’industrie, et non de la tech-
nique pure. Le constructeur, lui, ne procède pas comme l’artiste : il ne
travaille que sous la loi de la mesure et du chiffre. Ce qui dans la
technique est le principal, devient, dans le dessin, l’accessoire; voilà ce
 
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