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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 5
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Burty, Philippe: Sainte-Beuve: critique d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0476

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SAINTE-BEUVE, CRITIQUE D’ART.

A63

Dans ses études sur Port-Royal, les peintures, les gravures, étudiées
dès le principe avec ardeur, avec persistance, lui eussent ouvert sur
certains caractères des horizons qu’il ne découvrit que par la force
lentement amassée de ses immenses lectures et de son incroyable
perspicacité.

M. Sainte-Beuve, dans d’autres volumes que nous avons signalés à
mesure qu’ils paraissaient, a publié un Horace Vernet et un Gavarni ; mais
les lettres et les papiers ont seuls été curieusement triés, lus et annotés.
Il n’a parlé que des correspondances de Vernet qui lui avaient été con-
fiées par un ami de la famille. Il n'a juresque fait que reproduire un ro-
man de Gavarni demeuré inédit. S’il est entré dans l’œuvre de ce der-
nier, c’est seulement sur le bord, pour signaler l’effort philosophique des
légendes satiriques. Mais, dans l’un et l'autre cas, le détail technique a
été évité ; l’œuvre n’a été qu'indiqué à grands traits et massé sur le se-
cond plan.

Il reste donc une étude que M. Sainte-Beuve doit à son temps et
aux amis du maître glorieux : un Eugène Delacroix. Delacroix n’a pas
été seulement un ouvrier de génie. Il ne brossait pas ses lettres comme
un ouvrier qui s’endimanche, et il n’emmiellait pas ses pensées comme
un vicaire qui prépare ses ouailles au catéchisme. C’était une haute
intelligence et un lettré. Il avait tous les titres pour intéresser M. Sainte-
Beuve. Les matériaux abonderont, lorsque M. Sainte-Beuve y fera appel.
Pour ma part, je tiens à sa disposition le dépouillement de ses carnets
de poche.

On a réuni en un volume la série des articles qu’Eugène Delacroix a
publiés, à propos de questions d’art, dans la Revue de Paris, dans la
Revue des Deux Mondes, et çà et là encore. C’est dans ce volume que
M. Sainte-Beuve, à défaut d’une information rigoureuse dans l’œuvre
peint de Delacroix, pourrait poursuivre la pensée qui le dirigeait,
l’esthétique qu’il suivait. Cette ligne, dans ses écrits, n'est pas toujours
aussi claire que dans ses peintures. Delacroix reçut une forte éducation
classique et y resta fidèle, si fidèle même qu’on put lui reprocher de
se contenter de lire les auteurs favoris du grand siècle et même les tra-
gédies de Voltaire sans y rien puiser, et au contraire de s’inspirer sans
cesse de génies comme Shakspeare, par exemple, que, au moins dans
les conversations, il affectait de ne placer qu’au rang secondaire. Il ne
faut rien moins qu’un physiologiste aussi suhtil, aussi patient, aussi
exercé que M. Sainte-Beuve, pour nous donner le dernier mot de la pen-
sée de ce maître que nous admirons sans réserve, mais que nous au-
rions voulu plus sincère. La formule de l’Art romantique est là ; mais
 
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