PRUD’HON
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SA VIE, SES ŒUVRES ET SA CORRESPONDANCE '
IV.
oila donc Prud’hon installé à Dijon et
tout occupé du concours qui semble fuir
devant lui ; mais l’approche de cette lutte,
qui doit décider de son avenir, ne par-
vient pas à l’arracher à sa mélancolie na-'
turelle. Il se sent triste et comme aban-
donné. 11 regrette les excellents amis qu’il
a laissés à Paris, et écrit trois mois après
son arrivée à son ami Fauconnier :
« Du 26 février 17S/i. — Mon ami, '
vous m’avez perdu de vue ; le temps m’affaiblit insensiblement dans votre
souvenir, et bientôt peut-être m’oublierez-vous entièrement. Puis-je
croire en effet que vous gardiez si longtemps le silence, sachant combien
votre amitié est nécessaire à mon cœur et combien les marques que vous
m’en donnez en m’écrivant adoucissent les peines et les ennuis que j’ai
de votre absence! O mon ami ! Par où ai-je mérité un traitement si dur?
Hélas ! si l’indifférence succédait à votre tendre amitié que deviendrais-je ?
Où trouver un ami qui pût vous remplacer dans mon cœur? 11 n’en est
point : contraint alors de renfermer mes chagrins au dedans de moi, je
n’en sentirai que plus vivement combien je suis malheureux. O mon ami,
si vous ne m’avez point rayé de votre cœur, si mon tendre et sincère 1
1. Voir la Gazette des Beaux-Arts du 1er novembre 1869.
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SA VIE, SES ŒUVRES ET SA CORRESPONDANCE '
IV.
oila donc Prud’hon installé à Dijon et
tout occupé du concours qui semble fuir
devant lui ; mais l’approche de cette lutte,
qui doit décider de son avenir, ne par-
vient pas à l’arracher à sa mélancolie na-'
turelle. Il se sent triste et comme aban-
donné. 11 regrette les excellents amis qu’il
a laissés à Paris, et écrit trois mois après
son arrivée à son ami Fauconnier :
« Du 26 février 17S/i. — Mon ami, '
vous m’avez perdu de vue ; le temps m’affaiblit insensiblement dans votre
souvenir, et bientôt peut-être m’oublierez-vous entièrement. Puis-je
croire en effet que vous gardiez si longtemps le silence, sachant combien
votre amitié est nécessaire à mon cœur et combien les marques que vous
m’en donnez en m’écrivant adoucissent les peines et les ennuis que j’ai
de votre absence! O mon ami ! Par où ai-je mérité un traitement si dur?
Hélas ! si l’indifférence succédait à votre tendre amitié que deviendrais-je ?
Où trouver un ami qui pût vous remplacer dans mon cœur? 11 n’en est
point : contraint alors de renfermer mes chagrins au dedans de moi, je
n’en sentirai que plus vivement combien je suis malheureux. O mon ami,
si vous ne m’avez point rayé de votre cœur, si mon tendre et sincère 1
1. Voir la Gazette des Beaux-Arts du 1er novembre 1869.