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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 6
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Galichon, Émile: Paul Mantz, Les chefs-d'œuvre de la peinture italienne: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0565

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CHEFS-D’ŒUVRE DE LA PEINTURE ITALIENNE. 5A9

en connaître le plan général, et sur ce point nous aurons quelques obser-
vations à faire. M. Paul Mantz a divisé son histoire par siècles et par pays,
en accordant une place à part à quelques grandes personnalités. A cette
idée de mettre en lumière les peintres les plus dignes et de les faire
suivre de tous leurs imitateurs plus ou moins directs, nous ne pouvons
qu’applaudir; nous regrettons même que M. Paul Mantz ne s’y soit pas
attaché davantage.

Les grandes transformations de l’histoire ne commencent et ne
finissent jamais avec un siècle, et ne s’arrêtent pas invariablement
aux limites d’une contrée ; mais toujours elles répondent à l’apparition
d’un homme de génie, alors même que plusieurs artistes attardés con-
tinuent les anciens errements. Cette division serait donc, suivant nous,
celle qui devrait être préférée, à la condition toutefois de ne placer en
relief que les artistes qui, en inspirant une légion d’élèves, ont mérité
l’honneur de personnifier une époque. Ce principe admis, que M. Paul
Mantz nous permette de lui demander pourquoi il a isolé Fra Angelico,
lorsqu’il a égaré Orcagna dans la foule des Giottesques, et perdu Masaccio
dans la multitude des peintres florentins du xve siècle. Serait-ce parce
que l’œuvre de Fra Angelico est considérable et que, par suite, son nom
est devenu plus populaire que ceux d’Orcagna et de Masaccio, auteurs
de fresques peu nombreuses? Si telle était la raison, nous protesterions.
Mais nous aimons mieux croire que M. Paul Mantz a été gêné dans
la formation de son cadre, et qu’il a dû subir des conditions imposées
par la librairie. Fra Angelico, envers lequel M. Paul Mantz, soit
dit en passant, s’est montré un peu sévère, n’est en effet qu’une brillante
individualité, un artiste supérieur dont l’influence sur ses contemporains
fut nulle ou à peu près, tandis qu’Orcagna et Masaccio sont des géants
qui imprimèrent une puissante impulsion à l’école de Florence. Orcagna
fut le premier dessinateur assez sûr de lui-même pour risquer de fiers
raccourcis, le premier artiste qui traça sur la muraille un poème mou-
vementé et varié par le contraste d’épisodes gracieux opposés à des
scènes tragiques. Devant les fresques de la chapelle Strozzi, Fiesole lui-
même dut souvent s’absorber dans la contemplation des types vraiment
séraphiques des anges et des saintes d’Orcagna, pendant que d’autres
maîtres allèrent puiser dans les fresques immortelles du Campo Santo
les principes de grandeur et les accents énergiques que Michel-Ange
consacra définitivement. Quant à Masaccio, lui aussi, malgré son mince
bagage, il méritait les honneurs d’un chapitre à part. Moins violent,
mais plus raisonné dans ses compositions; moins héroïque, mais plus
vrai dans ses attitudes ; moins sublime, mais plus humain dans ses
 
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