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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Ceci était aussi une question d'âge, ainsi qu'on en peut faire la re-
marque sur les représentations de l'Adoration des rois qui est fréquente
sur les dyptiques et dans les manuscrits du xive siècle. Les trois rois
mages y sont figurés d'habitude chacun dans un âge différent. Le plus
jeune, et aussi le plus empressé, est vêtu très-court, à la mode du temps.
Celui d'âge moyen porte la « cotardie » ou cotte hardie, qui, est la cape
de voyage, pardessus un costume plus long. Le vieillard enfin, plus
prudent, et qui s'avance le dernier, a conservé le long blialt et l'ample
manteau du xine siècle.
On devra remarquer que le sergent d'armes, coiffé d'un chapeau
cylindrique, a de plus la tête enveloppée d'un capuchon qui forme camail
sur les épaules. C'est le chaperon, qui eut une singulière destinée.
Qu'on suppose qu'un jour où il faisait trop chaud on se soit avisé de
le coiffer autrement qu'on ne voit ici, et qu'on l'ait posé sur sa tête par
l'ouverture qui d'ordinaire laisse passer le visage, par la visagère. Alors
ce qui formait l'encolure, le galeron, se disposera en plis irréguliers d'un
côté de la tête, et la pointe, ou cornette, qui pourra être plus ou moins
longue, tombera de l'autre côté. On aura ainsi obtenu le rudiment du
chaperon dont se coiffa surtout le xve siècle, et qui est resté, comme un
souvenir, attaché à la robe des gens de loi. Un manuscrit, apparte-
nant à M. A.-Firmin Didot et contenant des évangiles apocryphes,
renferme une miniature où l'enfant Jésus, jouant avec des enfants de son
âge, bénit des oiseaux que ses camarades poursuivent. L'un a pris son
chaperon par l'extrémité de la cornette, et le faisant tourner par-dessus
sa tête en menace un oisillon. .C'est le seul exemple que nous ayons
trouvé jusqu'ici d'un chaperon bien défini.
Si la France fut pauvre pendant les longs malheurs des commence-
ments du xve siècle, la noblesse fut riche, surtout dans la famille de
l'infortuné Charles YI. La rivalité entre le duc d'Orléans et le duc de
Bourgogne se manifesta autant par le luxe des habits que dans la poli-
tique, et M. J. Quicherat [Histoire du costume) n'est pas éloigné de croire
que ce fut un créancier mécontent qui, afin d'ouvrir une succession où
il aurait chance d'être payé, fut le conseiller de l'assassinat de la rue
Barbette.
Quant à la forme du costume, elle resta ce qu'elle était et telle que
nous la voyons sur la plaque commémorative de la victoire de Bouvines,
avec des manches larges et découpées et un luxe de broderies, d'ap-
pliques d'orfèvrerie et de grelots, qui alla jusqu'à en placer en sautoir.
Une « houppelande », large robe serrée à la taille, garnie de manches
démesurément ouvertes, également découpées ainsi que le bas de la
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Ceci était aussi une question d'âge, ainsi qu'on en peut faire la re-
marque sur les représentations de l'Adoration des rois qui est fréquente
sur les dyptiques et dans les manuscrits du xive siècle. Les trois rois
mages y sont figurés d'habitude chacun dans un âge différent. Le plus
jeune, et aussi le plus empressé, est vêtu très-court, à la mode du temps.
Celui d'âge moyen porte la « cotardie » ou cotte hardie, qui, est la cape
de voyage, pardessus un costume plus long. Le vieillard enfin, plus
prudent, et qui s'avance le dernier, a conservé le long blialt et l'ample
manteau du xine siècle.
On devra remarquer que le sergent d'armes, coiffé d'un chapeau
cylindrique, a de plus la tête enveloppée d'un capuchon qui forme camail
sur les épaules. C'est le chaperon, qui eut une singulière destinée.
Qu'on suppose qu'un jour où il faisait trop chaud on se soit avisé de
le coiffer autrement qu'on ne voit ici, et qu'on l'ait posé sur sa tête par
l'ouverture qui d'ordinaire laisse passer le visage, par la visagère. Alors
ce qui formait l'encolure, le galeron, se disposera en plis irréguliers d'un
côté de la tête, et la pointe, ou cornette, qui pourra être plus ou moins
longue, tombera de l'autre côté. On aura ainsi obtenu le rudiment du
chaperon dont se coiffa surtout le xve siècle, et qui est resté, comme un
souvenir, attaché à la robe des gens de loi. Un manuscrit, apparte-
nant à M. A.-Firmin Didot et contenant des évangiles apocryphes,
renferme une miniature où l'enfant Jésus, jouant avec des enfants de son
âge, bénit des oiseaux que ses camarades poursuivent. L'un a pris son
chaperon par l'extrémité de la cornette, et le faisant tourner par-dessus
sa tête en menace un oisillon. .C'est le seul exemple que nous ayons
trouvé jusqu'ici d'un chaperon bien défini.
Si la France fut pauvre pendant les longs malheurs des commence-
ments du xve siècle, la noblesse fut riche, surtout dans la famille de
l'infortuné Charles YI. La rivalité entre le duc d'Orléans et le duc de
Bourgogne se manifesta autant par le luxe des habits que dans la poli-
tique, et M. J. Quicherat [Histoire du costume) n'est pas éloigné de croire
que ce fut un créancier mécontent qui, afin d'ouvrir une succession où
il aurait chance d'être payé, fut le conseiller de l'assassinat de la rue
Barbette.
Quant à la forme du costume, elle resta ce qu'elle était et telle que
nous la voyons sur la plaque commémorative de la victoire de Bouvines,
avec des manches larges et découpées et un luxe de broderies, d'ap-
pliques d'orfèvrerie et de grelots, qui alla jusqu'à en placer en sautoir.
Une « houppelande », large robe serrée à la taille, garnie de manches
démesurément ouvertes, également découpées ainsi que le bas de la