EXPOSITION TRIENNALE DES BEAUX-ARTS
A BRUXELLES
e demanderai la permission de faire avant tout les honneurs de mon
petit Salon aux Français, aux Allemands, aux Hollandais, aux Ita-
liens; je serai plus libre ensuite pour me batailler avec les miens.
Mais un scrupule m'arrête dès le début : la plupart des ouvrages
français envoyés à Bruxelles ont été vus au Salon de Paris, et il m'est
difficile d'en parler après ce qu'en a dit l'éminent critique de la Ga-
zette des Beaux - Arts. Je me contenterai donc d'en rappeler quelques-uns pour mé-
moire. C'est ainsi qu'on a revu les Lutteurs, de M. Falguière, groupe athlétique aux
enlacements puissants dont les musculatures semblent sculptées à coups de maillet dans
les tranches du marbre; —la lionne énigmatique que M. Jules Goupil a intitulée :
En 1795, figure étrange, composée de sous-entendus, dans la sérénité de laquelle on
devine de brusques éclairs et qui allonge dans son cadre une silhouette d'acier, vague-
ment crispée sous les satins. MM. Falguière et Goupil ont été nommés tous deux pour la
médaille. On a revu aussi la Respha de M. Becker, un effort violent qui, dans son excès
même, se ressent encore de l'école ; — les excellentes chairs bronzées résistantes à la
fois et moelleuses comme les morceaux de fabrique ancienne, de M. James Ber-
trand : Connais-toi toi-même; — puis la Cassandre, de M. Comerre; le Troupeau,
de M. Luminais; le Régiment qui passe, de M. Détaille; les Vieux Papiers, de
M. Brillouin; la Fin d'été et \e Portrait d'enfant, de M. Carolus Duran ; la Rue
d'Allemagne, de M. de Vuillefroy ; la Vengeance du senor Cornaro, de M. Mérino; le
Sylvain, de M. Maignan; les admirables portraits de M. et Mmo Edwïn Edwards, de
M. Fantin-Latour, et d'autres qu'il me faut oublier pour passer aux œuvres nouvelles.
Trois figures groupées autour d'un clavecin composent Y Accord difficile, de
M. Goupil. C'est d'abord un jeune beau, en bas verts et en culotte gorge-de-pigeon ; une
de ses mains est posée sur l'instrument, l'autre fait tournoyer entre ses doigts un jonc à
pomme d'agate. Assise au clavecin, une jeune femme appuie le bout de ses jolis doigts
sur les touches rebelles, en se renversant légèrement, tandis qu'une autre dame,
debout derrière elle, en robe de soie bleue échancrée au corsage, pose la main sur la
A BRUXELLES
e demanderai la permission de faire avant tout les honneurs de mon
petit Salon aux Français, aux Allemands, aux Hollandais, aux Ita-
liens; je serai plus libre ensuite pour me batailler avec les miens.
Mais un scrupule m'arrête dès le début : la plupart des ouvrages
français envoyés à Bruxelles ont été vus au Salon de Paris, et il m'est
difficile d'en parler après ce qu'en a dit l'éminent critique de la Ga-
zette des Beaux - Arts. Je me contenterai donc d'en rappeler quelques-uns pour mé-
moire. C'est ainsi qu'on a revu les Lutteurs, de M. Falguière, groupe athlétique aux
enlacements puissants dont les musculatures semblent sculptées à coups de maillet dans
les tranches du marbre; —la lionne énigmatique que M. Jules Goupil a intitulée :
En 1795, figure étrange, composée de sous-entendus, dans la sérénité de laquelle on
devine de brusques éclairs et qui allonge dans son cadre une silhouette d'acier, vague-
ment crispée sous les satins. MM. Falguière et Goupil ont été nommés tous deux pour la
médaille. On a revu aussi la Respha de M. Becker, un effort violent qui, dans son excès
même, se ressent encore de l'école ; — les excellentes chairs bronzées résistantes à la
fois et moelleuses comme les morceaux de fabrique ancienne, de M. James Ber-
trand : Connais-toi toi-même; — puis la Cassandre, de M. Comerre; le Troupeau,
de M. Luminais; le Régiment qui passe, de M. Détaille; les Vieux Papiers, de
M. Brillouin; la Fin d'été et \e Portrait d'enfant, de M. Carolus Duran ; la Rue
d'Allemagne, de M. de Vuillefroy ; la Vengeance du senor Cornaro, de M. Mérino; le
Sylvain, de M. Maignan; les admirables portraits de M. et Mmo Edwïn Edwards, de
M. Fantin-Latour, et d'autres qu'il me faut oublier pour passer aux œuvres nouvelles.
Trois figures groupées autour d'un clavecin composent Y Accord difficile, de
M. Goupil. C'est d'abord un jeune beau, en bas verts et en culotte gorge-de-pigeon ; une
de ses mains est posée sur l'instrument, l'autre fait tournoyer entre ses doigts un jonc à
pomme d'agate. Assise au clavecin, une jeune femme appuie le bout de ses jolis doigts
sur les touches rebelles, en se renversant légèrement, tandis qu'une autre dame,
debout derrière elle, en robe de soie bleue échancrée au corsage, pose la main sur la