JAN VAN GOYEN
l.
Il y a de la curiosité, mais de la
justice plus encore, dans l'ardeur
intelligente qui pousse la critique
moderne à rechercher les origines, à
interroger les commencements. Elle
met son honneur à faire un peu de
lumière autour des choses qui n'ont
pas été racontées, elle met sa joie à
rendre aux bons travailleurs du passé
la place qu'ils devraient occuper dans
les respects de l'histoire. Cette en-
quête, à peine ébauchée, a déjà don-
né d'excellents résultats, et pour
nous en tenir ici au chapitre spécial de l'art hollandais, on sait que la
hiérarchie des maîtres de cette grande école est bien près de se renou-
veler. Peu à peu chacun reprendra son rang. Le chevalier Van der Werff
a beaucoup baissé; les deux Mieris sont compromis; la situation des
Verkolie n'est pas rassurante. Est-ce là un caprice de la mode? Non,
c'est la marche heureuse de l'esprit, la préférence légitimement donnée
à la bonne peinture sur celle qui ne l'est pas. A propos des hommes et
des œuvres, le jugement devient plus exact et plus équitable. L'étude
sincère produit le fruit attendu, et chaque pas fait dans la voie de la vérité
a la valeur d'une conquête.
L'humble paysagiste Jean Van Goyen a largement bénéficié des ten-
dances de l'esprit nouveau. Très-estimé au xvne siècle, il avait vu son
étoile pâlir pendant cent cinquante ans ; on le classait volontiers parmi
les comparses, et voici qu'il devient un premier rôle. Nous avons gardé
le souvenir d'un temps où les marines et les chaumières de Van Goyen
l.
Il y a de la curiosité, mais de la
justice plus encore, dans l'ardeur
intelligente qui pousse la critique
moderne à rechercher les origines, à
interroger les commencements. Elle
met son honneur à faire un peu de
lumière autour des choses qui n'ont
pas été racontées, elle met sa joie à
rendre aux bons travailleurs du passé
la place qu'ils devraient occuper dans
les respects de l'histoire. Cette en-
quête, à peine ébauchée, a déjà don-
né d'excellents résultats, et pour
nous en tenir ici au chapitre spécial de l'art hollandais, on sait que la
hiérarchie des maîtres de cette grande école est bien près de se renou-
veler. Peu à peu chacun reprendra son rang. Le chevalier Van der Werff
a beaucoup baissé; les deux Mieris sont compromis; la situation des
Verkolie n'est pas rassurante. Est-ce là un caprice de la mode? Non,
c'est la marche heureuse de l'esprit, la préférence légitimement donnée
à la bonne peinture sur celle qui ne l'est pas. A propos des hommes et
des œuvres, le jugement devient plus exact et plus équitable. L'étude
sincère produit le fruit attendu, et chaque pas fait dans la voie de la vérité
a la valeur d'une conquête.
L'humble paysagiste Jean Van Goyen a largement bénéficié des ten-
dances de l'esprit nouveau. Très-estimé au xvne siècle, il avait vu son
étoile pâlir pendant cent cinquante ans ; on le classait volontiers parmi
les comparses, et voici qu'il devient un premier rôle. Nous avons gardé
le souvenir d'un temps où les marines et les chaumières de Van Goyen