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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 12.1875

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Nr. 3
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Heuzey, Léon Alexandre: Recherches sur un groupe de Praxitèle d'après les figurines de terre cuite
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https://doi.org/10.11588/diglit.21841#0204

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194

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

figures présentait, pour la combinaison des lignes et pour l'effet sculp-
tural, un problème très-difficile à résoudre. Malgré la familiarité que les
anciens ne craignaient pas de mettre dans leurs œuvres les plus sérieuses,
l'artiste ne pouvait, sous peine de produire un ensemble d'une symé-
trie disgracieuse et lourde, représenter une pareille action telle qu'elle
s'offre dans la vie commune. Pour introduire clans la composition le mou-
vement et la variété nécessaires, il a figuré la porteuse marchant à grands
pas, la tête à demi retournée vers sa compagne, qu'elle soutient par une
seule jambe, tandis que celle-ci s'appuie d'une main sur son épaule et
lève l'autre bras vers le ciel.

Cette manière de porter, qui produit une combinaison d'attitudes des
plus originales et des plus harmonieuses, paraît avoir été empruntée par
l'artiste à un jeu des Grecs connu sous le nom à'e?icotylé, et appelé aussi
éphédrîsmos ou encricadeia1. Voici en quoi consistait cet amusement,
dont la tradition plus ou moins altérée se retrouverait chez nos col-
légiens : le perdant recevait, dans le creux de ses mains croisées et pla-
cées derrière son dos, le genou du gagnant ; celui-ci se tenait à la tête ou
au cou de son compagnon, et parcourait, porté ainsi, un certain espace.
11 est vrai que dans l'exemple précédent comme dans ceux que nous
allons étudier tout à l'heure, les règles du jeu ne sont pas suivies à la
lettre. Les mains ne sont pas entrelacées de manière à former ce creux
que l'on appelait colylé, et ce n'est pas seulement le genou, mais toute
la jambe de la figure portée qui est engagée sous l'un des bras de la
figure qui porte. L'attitude générale se rapproche seule de la description
des anciens ; ce qui peut s'expliquer par une de ces inspirations que l'art
antique aimait souvent à trouver dans la vie familière. Mais l'âge, l'ex-
pression des deux figures et surtout l'élan passionné de la figure qui
porte, donnent l'idée d'un enlèvement plutôt que d'un jeu de jeunes
filles. Certes, pour que la porteuse enlève aussi facilement son vivant far-
deau, il lui faut une force extraordinaire, qui suffirait à faire supposer
dans cet enlèvement quelque chose de fabuleux et de divin.

S'il n'y avait pas d'autres exemples dans l'antiquité d'un semblable
groupe, on pourrait admettre que ce n'est qu'une fantaisie d'artiste, un
sujet de genre, suivant le système proposé par quelques archéologues
pour l'interprétation des figurines trouvées dans les tombeaux grecs 2.

t. Eustathe, Iliade, ooO, 3, et '1282-, 55. Athénée, 479. Hésychius, aux mots
êcpîà'piÇeiv et e-^ptx.xS'eia.

2. Je n'en ai pas moins lu avec un grand intérêt, dans les derniers numéros de la
Gazette des Beaux-Arts, les articles tout remplis de fines observations et de rensei-
gnements précieux, où l'opinion contraire à la mienne est soutenue avec autant de viva-
 
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