EAUX-FORTES DE VAN DYGK ET DE PAUL POTTER.
263
Dans les deux volumes qui nous occupent1, plus d'une pièce est à
l'état unique, et personne ne les a possédées toutes, ni ne les possédera
jamais.
Ainsi, pour Paul Potter, si presque toutes les planches ont été prises
dans l'admirable collection de M. Dutuit, il lui en manque cependant
quatre ; le portrait de Paul Potter d'après Van der Helst et la planche
botanique de la branche de Zabucaia, très-certainement faite pour une
Flore de l'Inde ou de l'Amérique du Sud, qui serait à retrouver, sont au
British Muséum, et les deux autres dans notre Cabinet des estampes et
dans la collection de M. Edmond de Rothschild.
Les tableaux de Paul Potter, de ce peintre qui a si justement donné
et fait donner aux animaux, dans la peinture, une place qu'ils n'avaient
pas avant lui, disparu trop jeune pour l'art, puisqu'il est mort en 165/i,
à moins de vingt-neuf ans, ses tableaux, dis-je, sont rares et ne sont
pas toujours agréables. La suite de ses eaux-fortes permet d'en bien
étudier la sincérité et la solidité. M est remarquable que les deux plus
anciennes pièces, le Vacher, daté de 16/i3, et le Berger, daté de l'année
suivante, où il n'avait encore que dix-neuf ans, soient en même temps
les plus nombreuses en personnages et de véritables compositions, alors
que toutes les autres sont de simples croquis d'études. Mais qui a
jamais mieux rendu les ossatures aiguës de l'arrière-train des vaches,
le ballonnement de leur ventre, surtout lorsqu'elles sont couchées à
terre, comme aussi l'air doux, toujours un peu étonné et parfois vide
d'expression de leur long regard. Nicolas Berghem, qui a vécu jus-
qu'en 1683, a la pointe plus fine et plus spirituelle en apparence, et bien
des amateurs préféreront son adresse si brillante; mais toutes ses eaux-
fortes sortent de Paul Potter et ont bien moins de conscience et de soli-
dité réelle. C'est là la qualité dominante de P. Potter, qui ne court jamais
après les sautillages et les prestesses de l'exécution. La sienne est égale,
monotone même; ce sont des dessins avec une certaine lourdeur en
plus, résultant de la franchise et de l'uniformité de la morsure, qui a
avancé les fonds, noirci les premiers plans et élargi le trait jusqu'à
l'épaissir. A première vue, on éprouve un certain désappointement ; cela
paraît trop simple, naïf même et presque maladroit; si l'on regarde plus
\. Eaux-fortes de Paul Potter... in-f° de7 pages avec 20 planches et un por-
trait, et le texte en regard.— Eaux-fortes de Antoine Van Dyck... in-f° de 11 pages
avec 21 planches et le texte en regard, reproduites par Amand Durand; texte par
Georges Duplessis, bibliothécaire du département des estampes à la Bibliothèque
nationale.
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Dans les deux volumes qui nous occupent1, plus d'une pièce est à
l'état unique, et personne ne les a possédées toutes, ni ne les possédera
jamais.
Ainsi, pour Paul Potter, si presque toutes les planches ont été prises
dans l'admirable collection de M. Dutuit, il lui en manque cependant
quatre ; le portrait de Paul Potter d'après Van der Helst et la planche
botanique de la branche de Zabucaia, très-certainement faite pour une
Flore de l'Inde ou de l'Amérique du Sud, qui serait à retrouver, sont au
British Muséum, et les deux autres dans notre Cabinet des estampes et
dans la collection de M. Edmond de Rothschild.
Les tableaux de Paul Potter, de ce peintre qui a si justement donné
et fait donner aux animaux, dans la peinture, une place qu'ils n'avaient
pas avant lui, disparu trop jeune pour l'art, puisqu'il est mort en 165/i,
à moins de vingt-neuf ans, ses tableaux, dis-je, sont rares et ne sont
pas toujours agréables. La suite de ses eaux-fortes permet d'en bien
étudier la sincérité et la solidité. M est remarquable que les deux plus
anciennes pièces, le Vacher, daté de 16/i3, et le Berger, daté de l'année
suivante, où il n'avait encore que dix-neuf ans, soient en même temps
les plus nombreuses en personnages et de véritables compositions, alors
que toutes les autres sont de simples croquis d'études. Mais qui a
jamais mieux rendu les ossatures aiguës de l'arrière-train des vaches,
le ballonnement de leur ventre, surtout lorsqu'elles sont couchées à
terre, comme aussi l'air doux, toujours un peu étonné et parfois vide
d'expression de leur long regard. Nicolas Berghem, qui a vécu jus-
qu'en 1683, a la pointe plus fine et plus spirituelle en apparence, et bien
des amateurs préféreront son adresse si brillante; mais toutes ses eaux-
fortes sortent de Paul Potter et ont bien moins de conscience et de soli-
dité réelle. C'est là la qualité dominante de P. Potter, qui ne court jamais
après les sautillages et les prestesses de l'exécution. La sienne est égale,
monotone même; ce sont des dessins avec une certaine lourdeur en
plus, résultant de la franchise et de l'uniformité de la morsure, qui a
avancé les fonds, noirci les premiers plans et élargi le trait jusqu'à
l'épaissir. A première vue, on éprouve un certain désappointement ; cela
paraît trop simple, naïf même et presque maladroit; si l'on regarde plus
\. Eaux-fortes de Paul Potter... in-f° de7 pages avec 20 planches et un por-
trait, et le texte en regard.— Eaux-fortes de Antoine Van Dyck... in-f° de 11 pages
avec 21 planches et le texte en regard, reproduites par Amand Durand; texte par
Georges Duplessis, bibliothécaire du département des estampes à la Bibliothèque
nationale.