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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 12.1875

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Nr. 4
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Lenormant, François: Les antiquités de la Troade, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21841#0309

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296

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

expliquer le fait qu'on a grossi. Sans que la culture du peuple ait baissé
de niveau, les objets de même nature doivent être naturellement plus
simples et plus grossiers dans ce qui n'est plus qu'un village, qu'ils
n'étaient auparavant dans la ville où résidait le chef, et dont ce village
a pris la place après une catastrophe dont le résultat avait été bien évi-
demment de faire changer le site de la cité royale.

Les maisons de la ville fermée (dans la seconde couche) étaient fort
irrégulières de plan et leur partie inférieure était construite en petites
pierres grossièrement taillées, mêlées à certains endroits de briques
crues, que reliait de l'argile employée en guise de ciment. Dans l'habi-
tation royale et dans l'enceinte, l'échantillon des pierres est seulement
plus fort, comme les murailles plus épaisses, mais elles n'auraient pas
résisté un seul instant au choc du bélier, engin que ne connaissaient
donc ni le peuple qui a construit la ville ni ses voisins. Ce mode de
bâtisse est aussi celui des bourgades de la première et de la troisième
couche, mais avec plus de rusticité dans l'exécution. C'est également
de la même manière que sont construites les habitations des villages
enfouis sous les déjections de tuf ponceux produites par la grande érup-
tion finale du volcan primitif de Santorin, véritable Pompéi préhistorique
exploré par deux de nos compatriotes, M. Fouqué et M. Gorceix, qui en
font remonter la date entre 2000 et 1800 ans av. J.-C. Nous aurons à
revenir plusieurs fois sur la comparaison entre ces antiquités de Santo-
rin et celles de la Troade.

On a constaté le rôle considérable que jouait la charpente de bois,
grossièrement taillée et reliée exclusivement par des chevilles également
en bois, dans les habitations préhistoriques de Santorin. Il en était de
même dans la ville dont les vestiges ont été découverts à Hissarlik.
Toute la partie supérieure des maisons, qui semblent avoir eu au moins
un premier étage, était en bois. C'était aussi le cas de la demeure royale,
dont l'élévation en bois devait être assez considérable. Les murs mêmes
de l'enceinte n'étaient en pierre que jusqu'à une assez faible hauteur;
des tours de bois les couronnaient et semblent avoir été reliées entre
elles par de puissants hourdages. Ce sont tous ces bois qui ont produit
les masses de cendres et de charbons sous lesquelles sont enfouis les
restes de maçonnerie. Ces faits, que l'on a pu constater d'une manière
positive, nous placent au milieu des usages particuliers et proprement
indigènes des anciennes populations de l'Asie Mineure. A la belle
époque grecque, ils ne s'étaient conservés que clans les montagnes voi-
sines de Trapézonte, chez le petit peuple des Mossynœques, demeuré
fidèle aux vieilles mœurs et à la barbarie primitive, comme du temps
 
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