LES ANTIQUITÉS DE LA TROADE. £i5î
tailler, comme le sulfure de cuivre ou chalcosîne, qu'il façonnait en pierres
de fronde. Mais il ne connaissait encore en aucune façon le fer. C'était
en même temps un peuple agriculteur, qui employait déjà la meule de
deux pierres emboîtées, l'une convexe et l'autre concave, tournant l'une
sur l'autre pour moudre le grain. On a supposé aussi que chez lui l'in-
dustrie du tisserand avait un grand développement; mais rien n'est moins
prouvé que l'application au métier à tisser des fusaïoles de terre cuite dont
on a trouvé des quantités si considérables.
Le bronze se présente principalement sous forme de bassins (je ne
suis pas sûr que l'objet où M. Schliemann voit un bouclier ne soit pas
plutôt un grand plat creux), de haches très-allongées et de poignards.
Ces armes sont exactement des mêmes types que les plus anciennes que
l'on rencontre en Chypre, le grand pays de production du cuivre dans le
bassin oriental de la Méditerranée, qui donna même son nom à ce métal
(KuTCpoç, — œs cuprium —■ cuprurn). La composition de l'alliage métal-
lique y est très-variable. Dans fort peu de pièces elle s'approche des
proportions qui constituent le bronze que l'on peut appeler normal, avec
10 à 15 0/0 d'étain; elles en offrent alors de 7 et demi à 9 0/0. Le plus
grand nombre des objets contiennent si peu d'étain qu'on les a crus
d'abord en cuivre pur; mais les analyses de M. Damour y ont pourtant
constaté un certain mélange d'étain, lequel ne s'élève pas même à h 0/0.
C'est trop peu pour donner une résistance suffisante au métal, qui se plie
et s'entame avec une extrême facilité. L'emploi d'un aussi mauvais alliage
pour faire des armes, à côté de pièces fondues clans de meilleures condi-
tions, détermine clairement une phase particulière dans le développement
de la métallurgie. C'est le passage d'une période d'emploi du cuivre pur
à celle de la fabrication du bronze parfait, marquée par les tâtonnements
d'un peuple à qui l'exemple de nations plus avancées dans cette branche
des arts a fait connaître la nécessité de l'alliage d'étain, mais qui ne s'est
pas encore rendu complètement maître des procédés et cherche les meil-
leures proportions d'alliage sans les avoir trouvées.
L'âge du cuivre pur, précédant celui du bronze, dont sortaient à peine
les populations dont on a déterré les monuments à Hissarlik, n'a pas
existé dans tous les pays. Mais il paraît bien qu'il y en a eu un en Grèce
et en Asie Mineure. M. Gorceix en a positivement constaté l'existence à
Santorin; M. Finlay et moi-même nous en avons retrouvé des vestiges
en Attique. Les phases successives du progrès de la métallurgie se déve-
loppèrent en Grèce d'une manière particulière. Les tribus aryennes qui
peuplèrent ces contrées ne paraissent avoir eu presque aucune connais-
sance des métaux à l'époque de leur arrivée. Nous en avons l'indication
tailler, comme le sulfure de cuivre ou chalcosîne, qu'il façonnait en pierres
de fronde. Mais il ne connaissait encore en aucune façon le fer. C'était
en même temps un peuple agriculteur, qui employait déjà la meule de
deux pierres emboîtées, l'une convexe et l'autre concave, tournant l'une
sur l'autre pour moudre le grain. On a supposé aussi que chez lui l'in-
dustrie du tisserand avait un grand développement; mais rien n'est moins
prouvé que l'application au métier à tisser des fusaïoles de terre cuite dont
on a trouvé des quantités si considérables.
Le bronze se présente principalement sous forme de bassins (je ne
suis pas sûr que l'objet où M. Schliemann voit un bouclier ne soit pas
plutôt un grand plat creux), de haches très-allongées et de poignards.
Ces armes sont exactement des mêmes types que les plus anciennes que
l'on rencontre en Chypre, le grand pays de production du cuivre dans le
bassin oriental de la Méditerranée, qui donna même son nom à ce métal
(KuTCpoç, — œs cuprium —■ cuprurn). La composition de l'alliage métal-
lique y est très-variable. Dans fort peu de pièces elle s'approche des
proportions qui constituent le bronze que l'on peut appeler normal, avec
10 à 15 0/0 d'étain; elles en offrent alors de 7 et demi à 9 0/0. Le plus
grand nombre des objets contiennent si peu d'étain qu'on les a crus
d'abord en cuivre pur; mais les analyses de M. Damour y ont pourtant
constaté un certain mélange d'étain, lequel ne s'élève pas même à h 0/0.
C'est trop peu pour donner une résistance suffisante au métal, qui se plie
et s'entame avec une extrême facilité. L'emploi d'un aussi mauvais alliage
pour faire des armes, à côté de pièces fondues clans de meilleures condi-
tions, détermine clairement une phase particulière dans le développement
de la métallurgie. C'est le passage d'une période d'emploi du cuivre pur
à celle de la fabrication du bronze parfait, marquée par les tâtonnements
d'un peuple à qui l'exemple de nations plus avancées dans cette branche
des arts a fait connaître la nécessité de l'alliage d'étain, mais qui ne s'est
pas encore rendu complètement maître des procédés et cherche les meil-
leures proportions d'alliage sans les avoir trouvées.
L'âge du cuivre pur, précédant celui du bronze, dont sortaient à peine
les populations dont on a déterré les monuments à Hissarlik, n'a pas
existé dans tous les pays. Mais il paraît bien qu'il y en a eu un en Grèce
et en Asie Mineure. M. Gorceix en a positivement constaté l'existence à
Santorin; M. Finlay et moi-même nous en avons retrouvé des vestiges
en Attique. Les phases successives du progrès de la métallurgie se déve-
loppèrent en Grèce d'une manière particulière. Les tribus aryennes qui
peuplèrent ces contrées ne paraissent avoir eu presque aucune connais-
sance des métaux à l'époque de leur arrivée. Nous en avons l'indication