LE PORTRAIT D'HOMME DU MUSÉE DE MONTPELLIER. 115
lecteurs ce que renferme de plus précieux le Musée de Montpellier.
C'est d'abord, pour ne citer que le fin du fin, le portrait qui nous occupe
avec une belle et ancienne copie d'un portrait de Raphaël aujourd'hui
perdu, celui de Laurent de Médicis, peint en 1518; puis, sans sortir des
portraits, de David, un portrait du médecin Leroy (1783), enrobe de
chambre rose à reflets changeants, celui de M. de Joubert, admirable et
traité en esquisse comme celui de Mme Récamier, et une figure académique
d'Hector qu'il exécuta pendant son pensionnat à Rome, en 1779 ; un
superbe portrait d'Espagnol, par Sébastien Rourdon; un groupe de Jeunes
Gens dessinant d'après le plâtre, œuvre forte et originale, d'un peintre
ordinairement brutal et maniéré, Moïse Valentin ; et un Chardin unique,
incomparable, le merveilleux Portrait de Mme Geoffrin, — une vieille
femme, au visage railleur et fin, encadré de dentelle blanche, assise,
faisant de la tapisserie et vêtue, avec l'élégance des vieilles femmes, de
vêtements trop larges, — provenant du marquis de Montcalm; puis le
plus beau Ribera que nous connaissions en France, pour l'accent lumi-
neux et la fermeté du travail ; une Sainte Marie l'Égyptienne, à demi
nue et dans l'extase de la prière, splendide étude de modelé anatomique;
deux Zurbaran de la vente Soult, l'Ange Gabriel et Séante Agathe; le
Petit Samuel de Reynolds, l'un des très-rares tableaux du grand por-
traitiste anglais qui aient passé le détroit; la Mort de sainte Cécile, du
Poussin, gravée lorsqu'elle faisait partie du cabinet du bailli de Rreteuil;
la Promenade en calèche, chef-d'œuvre de Swebach Desfontaines, et les
ravissantes esquisses peintes par Prud'hon pour les quatre figures allé-
goriques, les Arts, le Plaisir, la Philosophie et la Richesse, exécutées
en l'an VIII, pour l'hôtel du citoyen Lonois, rue Lafïïtte, depuis hôtel de
la reine Hortense et de Rothschild, et dont le Louvre a acquis les cartons
à la vente Laperlier; puis encore onze tableaux ou études de Greuze, —
un joli chiffre pour les amateurs de cet aimable et sentimental disciple
de Jean-Jacques, — dont deux compositions célèbres dans son œuvre, la
Prière du matin1 et le Gâteau des Rois, du cabinet de Duclos-Dufresnoy.
Ce sont enfin les petits hollandais de la collection Valedau, un amateur
du bon temps et de la vieille roche, en exemplaires admirablement purs
et choisis, qui à la cote du jour vaudraient plus d'un million : le Terburg,
n° 482, l'un des Terburg les plus exquis qui soient pour la largeur du
faire et la qualité des roux et demi-teintes ambrées ; la Souricière, de
Gérard Dow; l'Intérieur d'estaminet, de Van Ostacle ; l'Enfileuse de
perles, chef-d'œuvre de Mieris ; les Fagots, de Wouwermans ; la Petite
4. Gravé dans la (iazelte des Beaux-Arts, t. V, p. 21.
lecteurs ce que renferme de plus précieux le Musée de Montpellier.
C'est d'abord, pour ne citer que le fin du fin, le portrait qui nous occupe
avec une belle et ancienne copie d'un portrait de Raphaël aujourd'hui
perdu, celui de Laurent de Médicis, peint en 1518; puis, sans sortir des
portraits, de David, un portrait du médecin Leroy (1783), enrobe de
chambre rose à reflets changeants, celui de M. de Joubert, admirable et
traité en esquisse comme celui de Mme Récamier, et une figure académique
d'Hector qu'il exécuta pendant son pensionnat à Rome, en 1779 ; un
superbe portrait d'Espagnol, par Sébastien Rourdon; un groupe de Jeunes
Gens dessinant d'après le plâtre, œuvre forte et originale, d'un peintre
ordinairement brutal et maniéré, Moïse Valentin ; et un Chardin unique,
incomparable, le merveilleux Portrait de Mme Geoffrin, — une vieille
femme, au visage railleur et fin, encadré de dentelle blanche, assise,
faisant de la tapisserie et vêtue, avec l'élégance des vieilles femmes, de
vêtements trop larges, — provenant du marquis de Montcalm; puis le
plus beau Ribera que nous connaissions en France, pour l'accent lumi-
neux et la fermeté du travail ; une Sainte Marie l'Égyptienne, à demi
nue et dans l'extase de la prière, splendide étude de modelé anatomique;
deux Zurbaran de la vente Soult, l'Ange Gabriel et Séante Agathe; le
Petit Samuel de Reynolds, l'un des très-rares tableaux du grand por-
traitiste anglais qui aient passé le détroit; la Mort de sainte Cécile, du
Poussin, gravée lorsqu'elle faisait partie du cabinet du bailli de Rreteuil;
la Promenade en calèche, chef-d'œuvre de Swebach Desfontaines, et les
ravissantes esquisses peintes par Prud'hon pour les quatre figures allé-
goriques, les Arts, le Plaisir, la Philosophie et la Richesse, exécutées
en l'an VIII, pour l'hôtel du citoyen Lonois, rue Lafïïtte, depuis hôtel de
la reine Hortense et de Rothschild, et dont le Louvre a acquis les cartons
à la vente Laperlier; puis encore onze tableaux ou études de Greuze, —
un joli chiffre pour les amateurs de cet aimable et sentimental disciple
de Jean-Jacques, — dont deux compositions célèbres dans son œuvre, la
Prière du matin1 et le Gâteau des Rois, du cabinet de Duclos-Dufresnoy.
Ce sont enfin les petits hollandais de la collection Valedau, un amateur
du bon temps et de la vieille roche, en exemplaires admirablement purs
et choisis, qui à la cote du jour vaudraient plus d'un million : le Terburg,
n° 482, l'un des Terburg les plus exquis qui soient pour la largeur du
faire et la qualité des roux et demi-teintes ambrées ; la Souricière, de
Gérard Dow; l'Intérieur d'estaminet, de Van Ostacle ; l'Enfileuse de
perles, chef-d'œuvre de Mieris ; les Fagots, de Wouwermans ; la Petite
4. Gravé dans la (iazelte des Beaux-Arts, t. V, p. 21.