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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 1
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0064

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56 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

même Brigot. — Le Juin en Danemark de M. Bonnefoy, tout verdoyant de
la luxuriante verdure du Nord, a les qualités d'élégance et de bel arran-
gement qui ont fait jadis la réputation des Ach. Benouville et des Blan-
chard. — La Nuit verte de M. Dardoize nous montre une mare bordée
de petites roches et entourée d'arbres dont le feuillage forme une sorte
de rideau à travers lequel pénètre une verte et douce lumière; la fac-
ture est peut-être un peu sèche, mais l'effet est excellent. — M. Tan-
crècle Abraham, l'habile aquafortiste, le conservateur du Musée de
Château-Gontier, nous expose, lui, un paysage d'octobre d'une belle
découpure : à droite, des rochers formant grotte et surmontés de quelques
arbres touffus; à gauche, des paysannes ramassant du bois; dans le fond,
la prairie de la vallée de Blaizon. — Le Normand M. Lemarié des Lan-
delles nous donne de la brune Normandie d'automne. — Un autre Nor-
mand, M. Marais, a bien mérité sa médaille par son Herbage de Merville,
peuplé de superbes bestiaux. — Les charmantes petites vues de Menars
de Lansyer font penser à d'autres vues d'un château des mêmes parages
que Houel au xvine siècle peignait àGhanteloup. — J. Desbrosses et Hen-
riet suivent avec bonheur le filon subtil et naïf du pauvre Chintreuil. —
Je me suis toujours laissé attirer par les paysages un peu nus et mystérieux
de M. Pointelin. Dans son Soir de Septembre, l'ombre du bois voisin, la
noire verdure de l'herbage, la lune demi-voilée par la vague brume
chantent dans un fort bel accord l'hymne tranquille de la nuit qui
tombe. Tout est habile dans les œuvres que je dis là, et dans celles de
Doré, de Ségé, de Japy et de tant d'autres; tout cela est plein d'art et
du plus savant métier; tout cela est fin, délicat et gracieux; tout cela, si
les architectes savaient en user à la mode du xvip siècle, servirait à de
charmants panneaux pour la décoration de nos hôtels modernes. Mais,
hélas ! où sont les petites toiles si puissantes et si personnelles de nos
maîtres d'il y a dix ans? où sont les Corot? où sont les Paul Huet? où les
Cabat? où les Th. Rousseau? où sont les Millet? où sont les Troyon et les
Courbet? où sont les paysages d'antan?

Parmi la couvée nouvelle de nos paysagistes, j'ai noté une étude vrai-
ment extraordinaire de M. Salomé : c'est un coin de cour intérieure, un
porche de couvent de trappistes dans le Valais. Je ne sais si le peintre
qui a exécuté ce morceau rare, ces blancs si francs des murs recrépis et
ces verts humides du petit toit moussu nous redonnera jamais une pièce
de force pareille; mais, telle qu'est celle-ci, elle est digne d'entrer dans
le cabinet du plus fin amateur; elle se soutiendrait, j'imagine, à côté des
bons hollandais. — Avez-vous remarqué un petit paysage où des ânes
en liberté paissent sur un terrain tourmenté et sablonneux semé de joncs
 
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