Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le portrait de Léon XIII par M. Gaillard
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0232

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2U GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de force de fermeté et de délicatesse. Il n'y a encore qu'un Français
pour dessiner un tel portrait du pape, et je défie la photographie d'en
faire autant. Une telle planche d'ailleurs ne se commande pas. Un artiste
épris des grandes figures se les commande à lui-même au nom de sa foi
et la pousse à bout de toutes les forces de son âme et de son talent. Et
pourtant ce serait l'honneur d'une administration de vouloir et de savoir
faire naître de tels ouvrages. Songez que notre chalcographie nationale
ne peut montrer une estampe d'aucun de nos trois derniers chefs de l'Etat.
— Je me suis efforcé jadis, autant que je l'ai pu, de trouver à cet art
un peu découragé de la gravure une nourriture revivifiante. Convaincu
que les graveurs, en chaque époque, donnaient le meilleur de leur talent
dans la reproduction des œuvres contemporaines, soutenus qu'ils étaient
en cela par l'air et le goût qui courent dans les ateliers, par l'enseigne-
ment, les conseils directs des artistes créateurs, par le spectacle même
des procédés de ces maîtres, j'avais fait reproduire chaque année par
les graveurs récompensés au Salon les peintures ou sculptures ayant
obtenu la médaille d'honneur à ce même Salon; de même que j'avais
cru intéressant de faire graver par les Jacquemart, les Gaucherel et les
Hédouin des planches de solennités nationales, telles que l'inauguration
de l'Opéra, de la manufacture de Sèvres et de l'Exposition universelle,
en continuation des planches célèbres des Gochin et des Moreau. Dans
ce temps où rien n'aboutit, cette seconde série me paraît demeurée en
détresse; la première avait fourni quelques œuvres heureuses par les
mains des Morse, des Bellay, des Jacquet, des Laguillermie, et je crois
encore que la veine était bonne à suivre à côté des commandes de la
'Ville de Paris. Le menu budget spécial des Musées nationaux suffit à
peine à enrichir la chalcographie de quelques reproductions des œuvres
anciennes et ne peut que de très loin en très loin entreprendre la gra-
vure d'une toile éminente du Musée du Luxembourg. Le soin de faire
buriner quelques œuvres modernes incombe donc aux bureaux de l'ad-
ministration des Beaux-Arts ; on n'y saurait oublier le respect profond,
et mieux que cela, la sollicitude effective dus par la France à un art qui,
durant trois siècles, a tenu tant de place dans la gloire de son École et
qui, quasi sans rivale, a multiplié et popularisé dans toute l'Europe les
chefs-d'œuvre de ses artistes. Il est certain que la photographie d'une
part, de l'autre le réveil si brillant et si passionnément intéressant de
l'eau-forte, ont, depuis trente ans, frappé la gravure au burin d'un mal
de mort dont elle ne se relèvera jamais. Pourtant il faut dire que cet
art du burin porte en lui-même, par son travail consciencieux et pro-
fond, par son ambition noble de précision et de perfection, une telle res-
 
Annotationen