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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 4
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Gonse, Louis: Eugène Fromentin, 9: peintre et écrivain
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0345

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EUGÈNE FROMENTIN. 321

Van Goyen, les Pierre de Hooch, les Ruysdaël, les Van Beyeren, et
tant d'autres dont les noms nous sont à peine connus, ou ne nous
sont livrés que par une ou deux œuvres, comme ce Saenredam, qui a
peint le Temple protestant, du Musée de Turin!

Le plus grand intérêt des Maîtres d'autrefois est, pour moi, dans les
jugements que son expérience des choses de la peinture, que son goût
exercé aux plus délicates recherches de la pensée font émettre à l'auteur
sur les principaux maîtres hollandais. 11 n'est point pédant, quoique très
subtil. 11 a tout le courage de sa pensée, sans rien abandonner des pru-
dences accoutumées de sa forme. Gomme résultat de critique, c'est on
ne peut plus original et curieux.

Paul Potter se présente le premier à lui : « Avec la Leçon d'anatornie
et la Ronde de nuit, le Taureau, de Paul Potier, est ce qu'il y a de plus
célèbre en Hollande. » La désillusion qu'en reçoit Fromentin est d'au-
tant plus grande. Au taux actuel des œuvres d'art, le Taureau n'a pas
de prix, et cependant c'est un mauvais tableau; c'est l'erreur de jeu-
nesse d'un peintre qui reste, par quelques chefs-d'œuvre d'une perfec-
tion inouïe, comme la Petite Auberge du Louvre et le Repos près de la
grange de la galerie d'Arenberg, peint la veille de sa mort (en 1653), l'un
des trois ou quatre plus grands peintres de la Hollande, le plus naïf, le
plus sérieux, le plus honnête de l'école, avec Ruysdaël. L'immense répu-
tation de ce tableau vient d'une équivoque. On a voulu y voir a une
page de peinture hors ligne », un modèle à copier et à suivre, et ce
n'est qu'une étude où une main encore inexpérimentée a cherché, avec
la plus extrême patience, la plus entière bonhomie, à résoudre quelques
problèmes de son art. Dans le premier cas, comme tableau, le Taureau,
de Paul Potter, justifie le jugement le plus brutal. Ce jugement a fait
beaucoup de bruit, et nous le transcrivons clans ses ternies : « L'œuvre
est laide et n'est pas conçue; la peinture est monotone, épaisse, lourde,
blafarde et sèche; l'ordonnance est des plus pauvres. L'unité manque à
ce tableau, qui commence on ne sait où, ne finit pas, reçoit la lumière
sans être éclairé, la distribue à tort et à travers, échappe de partout et
sort du cadre, tant il semble peint à fleur de toile. Il est trop plein,
sans être occupé. Ni les lignes, ni la couleur, ni la distribution de l'effet
ne lui donnent ces conditions premières d'existence, indispensables à
toute œuvre un peu ordonnée. Par leur taille, les animaux sont ridicules.
La vache fauve à tête blanche est construite avec une matière dure. La
brebis et le bélier sont moulés dans le plâtre. Quant au berger, personne
ne le défend. » Le ciel seul mérite quelques louanges.

En tant qu'étude, au contraire, l'œuvre appelle à ses yeux un examen

XXII. — 2e PÉRIODE. 41
 
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