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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Blanc, Charles: Études sur les arts décoratifs, 2: la reliure
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0432

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^02 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Quant au titre, il est assez rare que les caractères en soient bien
choisis, et qu'ils ne déparent point même les livres les plus artistement
reliés. Combien de fois n'avons-nous pas vu des lettres d'une fonte toute
moderne jurer avec un livre ancien de date et archaïque par la tournure
qu'on lui a donnée ! Autrefois, les relieurs n'ayant que deux ou trois
composteurs, ne pouvaient pas varier suffisamment les caractères de
leurs titres. Aujourd'hui que les relieurs ont à leur disposition des alpha-
bets de tous les genres et de tous les corps, ils ne sont pas excusables
d'employer indifféremment les chiffres romains et les chiffres arabes, et
de pousser en lettres du même œil le nom de l'auteur et le titre du
livre.

Une attention à laquelle les bibliophiles sont sensibles, c'est que le
prénom de l'écrivain ne soit pas séparé de son nom, lorsque la gloire ou
la notoriété ont rendu le nom et le prénom inséparables. Un relieur qui
mettrait sur le titre de la Légende cles siècles, V. Hugo, serait un barbare.
Mais il est des noms qui sont entrés sans prénom dans l'histoire. Ceux,
par exemple, de Voltaire, de Diderot, de Beaumarchais, de Chateaubriand,
doivent figurer sur la couverture de leurs livres, sans être précédés
d'une initiale qui ne ferait que jeter un doute dans l'esprit des illettrés,
en leur donnant à croire qu'il y a eu plusieurs écrivains portant ces
mêmes noms. Et si les bibliophiles prennent garde à de pareils détails
combien, à plus forte raison, doivent être susceptibles à cet endroit les
auteurs à qui le relieur apporte leurs propres ouvrages avec leur nom
défiguré ou mutilé par abréviation sur le dos de la couverture.

Quelque subtiles que paraissent de semblables observations, elles
n'ont rien de puéril, car elles se rapportent à la nécessité de tout faire
pour rendre le livre aimable et lui donner une tournure engageante. 11
importe, en effet, que le relieur, au lieu d'arrêter le lecteur au seuil du
livre, l'invite à y entrer. Et ce qui importe le plus, c'est que le volume
une fois ouvert, n'ait pas de tendance à se refermer et n'exige pas
d'effort pour être lu. Le problème de la perfection ne sera résolu que
lorsque le relieur aura su concilier la solidité du dos, qualité essentielle,
avec l'élasticité qui permet au livre de s'ouvrir facilement et de se tenir
facilement ouvert. Les Anglais, visant à l'utile, préfèrent les reliures à
dos brisé, parce que le volume ainsi relié s'ouvre complètement sans
levenir sur lui-môme, et il n'est pas douteux que, pour des livres d'un
usage constant, pour les dictionnaires et autres ouvrages de référence,
comme ils les appellent si bien, ce mode de reliure n'ait un avantage
pratique; mais il est clair que, d'autre part, il compromet la durée du
livre, parce que le dos de la couverture n'adhérant pas au dos du volume,
 
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