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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 6
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Gruyer, François-Anatole: Portrait de Jeanne d'Aragon par Raphaël
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0514

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^80 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

justification. Quant à Jeanne d'Aragon, elle vécut encore pendant dix-
huit années, et ne mourut qu'au mois d'octobre de l'année 1577, con-
servant jusqu'à l'extrême vieillesse sa grande réputation de beauté.
Veuve depuis deux ans déjà quand Paul IV mourut en 1459, elle était
venue se fixer à Rome, où on lui avait fait une entrée presque triom-
phale. Depuis lors, elle y avait été entourée d'hommages; elle avait
doté des monastères et bâti des églises1, sans cesser d'être en bonne
intelligence avec Pie IV (1556-1565), saint Pie V (1565-1572) et Gré-
goire XIII (1572-1585).

Le Tempio alla divina signora donna Giovanna d' Aragona, publié
par Piuscelli en 1555, démontre à quel point Jeanne d'Aragon, alors
âgée de cinquante-trois ans environ, était encore en possession de sa
beauté. On n'élève pas de temple à une femme qui a vieilli en cessant
d'être belle2. Jeanne d'Aragon Golonna resta donc belle jusque dans sa
vieillesse. Elle avait une sœur, donna Maria d'Aragon, mariée à Alphonse
d'Avalos, marquis du Guast, l'un des meilleurs capitaines de Charles-
Quint. Sorbière place donna Maria, qu'il nomme la marquise dei Vasto,
parmi les femmes savantes de son temps3, et Brantôme la met au nombre
des beautés qui durent longtemps. Brantôme, qui se trouvait à Naples
en 1559, raconte « les douceurs dont le grand prieur de France, Fran-
çois de Lorraine4, régala donna Maria dans une nombreuse compagnie »,
et dit que « l'automne de cette dame surpassoit tous les printems et
étez qui étoient dans cette salle. » Il ajoute : « Comme de vray, elle se
montroit encore très belle et fort aimable ; voire plus que ses deux filles,
toutes belles et jeunes qu'elles étoient; si avoit-elle bien alors près de
soixante belles années3. » Et, retournant à Naples six ans après, c'est-

1. Particulièrement libérale envers les jésuites, ello avait fait rebâtir l'église de
Saint-André, que l'évêque de Tivoli leur avait donnée en 1566. Ce fut elle aussi qui
donna aux Capucios, en 1575, les grands jardins de Montecavallo, pour y élever
l'église et le monastère du Saint-Sacrement. (Voir Ritratto di Roma modema,
p. 541. Roma, 1 653).

2. En 1556, c'est-à-dire quand Jeanne d'Aragon avait cinquante-six ans environ,
Giuspppe Betussi publia également, à Florence, un Dialogue intitulé : Le Imagini del
tempio délia signora donna Giovanna d"1 Aragona. C'est un livre de 121 pages, où
les éloges de plusieurs dames sont mêlés à ceux de la déesse du temple, Jeanne
d'Aragon.

3. Sorbière, lettre xv, p. 73.

4. Général des galères. Il était fils de Claude de Lorraine, premier duc de Guise.

5. Brantôme, Dames galanles, t. II, p. 243-245. Le grand prieur « en fut aussitôt
épris; mais, quoiqu'il aimât fort la mère, il prit pour sa maîtresse la fille aînée, fier
adombrar la cosa ».
 
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