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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0015

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RUBENS.

7

Elle a fait partie d’un des envois du Gouvernement en 1801, et elle a
souffert de l’humidité d’abord et ensuite de la barbarie des ignorants qui
l’ont, çà et là, surchargée de repeints. Notre correspondant, M. Cournault,
n’hésite pas à y voir une œuvre de la jeunesse de Rubens, et il rappelle à
ce propos que, dès 182-4, Voïart, qui habitait alors Nancy, écrivait dans
sa notice sur Prud’hon la phrase suivante : ,« Une fois Rubens tenta de
renoncer à ce moyen de succès (la couleur) ; il peignit une imitation de
la Transfiguration de Raphaël dans la manière du Caravage ; mais cette
composition, d’une grande proportion, n’a pas trouvé un seul admirateur.»
Or il y a bien dans le tableau de Nancy des ombres vigoureuses qui
font penser à Caravage, et aussi des colorations claires, des têtes su-
perbes, une franchise de pinceau tout à fait d’accord avec ce que nous
savons de la manière de Rubens pendant son séjour en Italie. Je suis donc
disposé à penser, comme M. Cournault, que la Transfiguration de Nancy
doit être restituée à Rubens. Ainsi, des trois tabléaux que l’artiste flamand
avait peints pour les jésuites de Mantoue, en voilà deux qui, dès aujour-
d’hui, sont retrouvés.

Reste le troisième qui, on s’en souvient, figurait la représentation
mystique de la Trinité, avec les portraits de plusieurs membres de la
famille des Gonzague.

Ce tableau, c’est celui qu’un commissaire français coupa en deux dans
la pensée de pouvoir l’emporter plus aisément; mais les Mantouans,
révoltés de cette façon d’agir, défendirent leur bien. Les deux fragments
sont restés à la bibliothèque de Mantoue, et c’est là que nous sommes
allé les voir.

Les Mantouans ont eu raison de conserver les fragments du tableau de
Rubens, mais ils -ont eu tort de les placer au-dessus des portes de la
longue salle de leur bibliothèque, à des hauteurs que l’œil du curieux
trouvera toujours exagérées. On voit bien l’effet général et le parti pris
de la couleur ; on voit mal l’exécution ; et si j’étais syndic de Mantoue, je
donnerais à ces précieux débris une place meilleure. Le fragment qui
constituait la partie supérieure du tableau représente la Trinité. Une dra-
perie soulevée laisse voir le Christ assis, le Père éternel, et, entre eux, la
colombe symbolique. La largeur de la peinture a été visiblement réduite.
Des deux côtés, des anges aux raccourcis violents soutiennent les plis de
la draperie.

L’invention est absolument italienne, l’œuvre est d’un jeune homme
qui n’est pas encore débarrassé des gaucheries du début. Rubens semble
avoir peint sans enthousiasme et sans flamme cette Trinité, où l’imitation
domine et où la coloration un peu rousse des chairs est un reflet des
 
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