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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 4
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Bonnaffé, Edmond: Les restes d'un grand homme
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0345

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LES RESTES D’UN GRAND HOMME

Il s’appelait Richelieu, le plus
grand nom de ministre que la France
puisse inscrire à son livre d’or; il était
cardinal, duc et pair, commandeur de
l’ordre du Saint-Esprit, général de
trois ordres monastiques, grand-maître
et surintendant de la marine et du
commerce, lieutenant général de Bre-
tagne et premier ministre du royaume.
Malade, il traversait la France dans
un appareil royal, et les villes prati-
quaient des brèches à leurs murailles,
pour ouvrir un passage à sa litière
portée par dix-huit gardes marchant
tête nue ; le peuple l’avait surnommé
le Roi du Roi. Et le jour où son œuvre
fut achevée, quand il eut écrasé la no-
blesse, désarmé les protestants, abaissé la maison d’Autriche, fondé l’Aca-
démie française, relevé la Sorbonne, bâti le palais Cardinal et le château
de Richelieu, les deux premiers musées du xvir siècle; quand il eut
rétabli nos finances, créé notre marine, donné à la France le Canada,
Saint-Domingue, la Guyane et le Sénégal, il se coucha dans sa gloire et
s’endormit épuisé sous les caveaux de la Sorbonne.

Or un jour, — il y a de cela seize ans, — le maire d’un petit village
de Bretagne se présenta devant l’empereur Napoléon III. Il portait une
cassette sous le bras ; il en fit l’ouverture, en tira délicatement un paquet
enveloppé, le découvrit : c’était un masque humain, la peau desséchée
et fripée, de grands yeux profondément enfoncés dans leurs orbites
 
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