RUBENS.
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vendre. Rubens le fit acheter par Vincent de Gonzague. On le retrouve
dans l’inventaire de la collection ducale. 11 passa ensuite dans la galerie
de Charles 1er, puis dans celle de Jabach, qui le vendit à Louis XIV. Et
aujourd’hui il est au Louvre, où il représente très dignement les fiertés et
le parti pris du puissant naturaliste ; mais, comme le catalogue ne le dit
pas, on ignore d’ordinaire que c’est grâce à l’intervention chaleureuse de
Rubens que le duc de Mantoue acheta ce tableau. Qu’on s’en réjouisse ou
qu’on s’en attriste, il faut décidément s’habituer à cette pensée que, pen-
dant son séjour à Rome, le lumineux Rubens a touché de très près à la
secte des caravaggeschi.
Ainsi le maître flamand, dont les lettres concilient l’indépendance
avec la courtoisie, n’oubliait pas son devoir et il servait Vincent de Gon-
zague dans les choses de son caprice intelligent. Un seul point le trou-
blait, c’était d’avoir à quitter Rome au printemps de 1607 pour se trouver
à Mantoue aux approches du jour de Pâques. Il l’avait promis; mais, ici
encore, il se fit attendre. Au commencement de juin, il est toujours à
Rome. Enfin il se décide ; il annonce le 9 juin qu’il partira avant le 25, et
bientôt il se met en route.
Mais où va-t-il? Si l’on ne veut tenir compte que des choses certaines,
il faut bien avouer que, pendant sept mois, je veux dire de la fin de juin
1607 au 2 février 1608, on ignore ce que Rubens est devenu. Pas de lettre
pendant cette période, aucune trace de son existence. Il n’est pas à Rome,
nous le savons, et il voyage. Toutefois, il cesse de correspondre avec
Chieppio et les gens de la cour de Mantoue. Pourquoi? C’est peut-être qu’il
est auprès d’eux et qu’au lieu d’écrire ses lettres, il les parle.
Où donc étaient alors Vincent de Gonzague et son entourage? Les do-
cuments retrouvés par M. Armand Baschet nous le disent avec une pré-
cision parfaite. Au printemps de 1607, le duc avait résolu d’aller faire une
excursion dans le Nord et particulièrement à Spa, dont les eaux lui avaient
été prescrites. Le 22 juin, il change subitement de visée; il annonce que
la chaleur étant extrême dans les provinces lombardes, il s’est décidé à
aller respirer Xamenità delVaria del mare} à San-Pier d’Arena, près de
Gênes. Il y arrive en effet, le h ou le 5 juillet, avec un nombreux cortège de
gentilshommes et de serviteurs, car on n’avait pas préparé moins de
soixante lits pour recevoir les gens de sa suite. Vincent de Gonzague
resta à Gênes jusqu’au 2h août, la chaude saison s’étant gaiement passée
Lavoie furonpoi toile da sacri al tari, ed unain particolare alla Scala che rappre-
sentava ilTransito di M. V. e vi era un cadavero stranamente enfiato (II, p. 162).
C’est, on le voit, un ressouvenir do l’observation de Bellori qui, parlant du même
tableau, y voit également una donna rnorta gonfla.
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vendre. Rubens le fit acheter par Vincent de Gonzague. On le retrouve
dans l’inventaire de la collection ducale. 11 passa ensuite dans la galerie
de Charles 1er, puis dans celle de Jabach, qui le vendit à Louis XIV. Et
aujourd’hui il est au Louvre, où il représente très dignement les fiertés et
le parti pris du puissant naturaliste ; mais, comme le catalogue ne le dit
pas, on ignore d’ordinaire que c’est grâce à l’intervention chaleureuse de
Rubens que le duc de Mantoue acheta ce tableau. Qu’on s’en réjouisse ou
qu’on s’en attriste, il faut décidément s’habituer à cette pensée que, pen-
dant son séjour à Rome, le lumineux Rubens a touché de très près à la
secte des caravaggeschi.
Ainsi le maître flamand, dont les lettres concilient l’indépendance
avec la courtoisie, n’oubliait pas son devoir et il servait Vincent de Gon-
zague dans les choses de son caprice intelligent. Un seul point le trou-
blait, c’était d’avoir à quitter Rome au printemps de 1607 pour se trouver
à Mantoue aux approches du jour de Pâques. Il l’avait promis; mais, ici
encore, il se fit attendre. Au commencement de juin, il est toujours à
Rome. Enfin il se décide ; il annonce le 9 juin qu’il partira avant le 25, et
bientôt il se met en route.
Mais où va-t-il? Si l’on ne veut tenir compte que des choses certaines,
il faut bien avouer que, pendant sept mois, je veux dire de la fin de juin
1607 au 2 février 1608, on ignore ce que Rubens est devenu. Pas de lettre
pendant cette période, aucune trace de son existence. Il n’est pas à Rome,
nous le savons, et il voyage. Toutefois, il cesse de correspondre avec
Chieppio et les gens de la cour de Mantoue. Pourquoi? C’est peut-être qu’il
est auprès d’eux et qu’au lieu d’écrire ses lettres, il les parle.
Où donc étaient alors Vincent de Gonzague et son entourage? Les do-
cuments retrouvés par M. Armand Baschet nous le disent avec une pré-
cision parfaite. Au printemps de 1607, le duc avait résolu d’aller faire une
excursion dans le Nord et particulièrement à Spa, dont les eaux lui avaient
été prescrites. Le 22 juin, il change subitement de visée; il annonce que
la chaleur étant extrême dans les provinces lombardes, il s’est décidé à
aller respirer Xamenità delVaria del mare} à San-Pier d’Arena, près de
Gênes. Il y arrive en effet, le h ou le 5 juillet, avec un nombreux cortège de
gentilshommes et de serviteurs, car on n’avait pas préparé moins de
soixante lits pour recevoir les gens de sa suite. Vincent de Gonzague
resta à Gênes jusqu’au 2h août, la chaude saison s’étant gaiement passée
Lavoie furonpoi toile da sacri al tari, ed unain particolare alla Scala che rappre-
sentava ilTransito di M. V. e vi era un cadavero stranamente enfiato (II, p. 162).
C’est, on le voit, un ressouvenir do l’observation de Bellori qui, parlant du même
tableau, y voit également una donna rnorta gonfla.