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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 1
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Bigot, Charles: Les fresques de Raphae͏̈l à la Farnésine, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0060

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’œuvre; quand il choisit des peintres, il ne rencontra pas moins bien.
II ne fut pas de ceux qui, dans leur incertitude sur la valeur des talents
contemporains, vont frapper à toutes les portes un peu célèbres, espérant
une fois ou l’autre bien rencontrer : il ne fit appel qu’à deux artistes :
Raphaël et le Sodoma. Il confia à l’un la grande salle du premier étage
de la villa, à l’autre le rez-de-chaussée.

V.

C’était à coup sûr un grand orgueil pour le parvenu Augustin Chigi
que d’employer à son service le peintre que l’Italie saluait comme le
plus extraordinaire génie qui se fût vu encore; de mettre aux ordres d’un
simple particulier le peintre qui 11e travaillait depuis cinq ans que pour
le roi des rois, pour le chef de tout l’univers catholique ; de faire décorer
une villa par celui qui venait de décorer avec tant d’éclat les chambres
du palais du Vatican. Chigi eut cet orgueil et réussit à le satisfaire.
N’était-il pas, après tout, un roi, lui aussi? Ne pouvait-il pas payer des
chefs-d’œuvre autant qu’un pape, plus qu’un pape, s’il était besoin? Ce
fut Raphaël qu’il chargea de peindre les Sibylles de l’église délia Pace;
ce fut lui qu’il chargea d’achever et d’orner cette église de Santa-Maria
del Popolo où il avait choisi la place de son tombeau, place qui ne devait
pas attendre longtemps le destinataire : ce fut lui enfin qu’il chargea
d’orner de fresques sa superbe villa, d’en régler jusqu’aux ornements.

Raphaël accepta. Les travaux, si considérables qu’ils fussent, qu’avait
réclamés de lui Jules II ne suffisaient pas à employer l’activité de son
génie. Il vivait comme dans une incessante possession de belles et se-
reines visions qui se présentaient en foule à son imagination, qui toutes
l’invitaient à les réaliser, toutes le sollicitaient. C’était vraiment trop peu
pour lui des murailles des Stanze.

Il avait une autre raison encore, et plus pressante, d’accepter les pro-
positions de Chigi. Il habitait maintenant par la pensée autant parmi l’anti-
quité que parmi les légendes chrétiennes, parmi les divinités de l’Olympe
autant que parmi les saints du paradis. 11 n’était pas moins ravi par la souve-
raine beauté des Dieux, fils de la Grèce, que par les tendresses infinies du
mysticisme chrétien, et plus il allait, plus il se sentait conquis par l’en-
thousiasme de la Reauté. Une fois il avait pu, dans la première des Stances,
épancher son double culte, peindre le Parnasse tout à côté de la Dispute '
du saint Sacrement, la lutte d’Apollon et de Marsyas à côté de la Tenta-
tion du Paradis terrestre. Mais ce que le Vatican lui demandait mainte-
 
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