Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Le Breton, Gaston: La tissuterie ancienne: les dentelles et les toiles peintes et imprimées à l'exposition de l'Union Centrale
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0086

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
76

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Il nous faudrait également joindre à cette énumération rapide les
dentelles fabriquées dans les Vosges.

Parmi les dentelles étrangères, nous citerons la collection de Mmc Mayer,
de Hambourg, qui dirige une école de broderie dont il existe quelques
beaux spécimens dans la section moderne. Cet amateur a exposé de beaux
points de Milan et de Gênes, des guipures allemandes au fuseau du
xyiii6 siècle, ainsi que des dentelles espagnoles appelées autrefois en
Italie punto di Spagna. Mentionnons en terminant les dentelles hongroises
exposées par le musée de Budapesth.

Nous voyons renaître aujourd’hui à Venise l’industrie de la dentelle,
grâce aux efforts et à la générosité de la comtesse Adriana Marcello et
de la princesse Giovanelli Ghigi. Une école a été fondée à Burano sous
le patronage de la reine Marguerite, où l’on imite les points anciens-de
Venise et d'ailleurs. Quant à la France, elle occupe toujours le premier
rang pour la dentelle, grâce à l’initiative et au bon goût de ses fabricants.

Nous avons pu nous en convaincre encore cette fois en passant devant
la vitrine de MM. Lefébure frères, qui ont exposé une série remarquable
de points de France et de Venise dont ils ont ressuscité la fabrication.
Chacune de leurs œuvres est une création inspirée des anciennes den-
telles, auxquelles ils ont su souvent apporter d’heureuses modifications,
en raisonnant leur emploi dans la toilette actuelle. Nous mentionnerons
notamment un genre qui leur appartient exclusivement : la guipure de
Valois, dans laquelle l’aiguille vient rehausser de place en place le travail
du fuseau, en accentuant habilement les parties principales du dessin. Ces
points de Binches avec leurs variétés si pittoresques sont représentés par
des échantillons remarquables dont l’exposition de l’Union centrale nous
semble avoir eu la primeur. Au milieu de cette quantité de dentelles de
toutes sortes que la mode fait éclore chaque jour, on est heureux de
voir renaître les anciennes traditions d’un art dont il nous est resté de si
beaux spécimens du temps passé. Il devient nécessaire de revenir enfin
à un goût plus sûr, en faisant un choix sérieux au milieu de ces créations
de toutes sortes qui n’ont de la dentelle que le nom et dont la durée ne
dépasse guère la mode du vêtement qui les a fait naître. Les anciennes
familles se transmettaient leurs dentelles, dont la solidité à toute épreuve
leur a permis d’arriver jusqu’à nous. Elles sont, aujourd’hui encore, l’a-
panage de la distinction. Il est donc nécessaire d’établir une différence en
faveur de ce qui brille par la perfection du dessin et de la fabrication. En
cela, comme a dit Béranger, savoir choisir, voilà le goût.

GASTON LE ERETON.

(La fin prochainement.)
 
Annotationen