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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 2
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Rhoné, Arthur: Découverte des momies royales de Thèbes, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0149

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

subi de transformations. Les cercueils se composent de trois gaines em-
boîtées les unes dans les autres et atteignent par là ce poids énorme qui
rendit leur sauvetage si difficile et si pénible. Comme les personnes vi-
vantes de tous les temps, les momies ont souvent changé de modes, et
celles-là ont abandonné la tenue à la fois simple et riche de leurs ancêtres
pour se couvrir de ce bariolage, de ces surcharges presque outrées qui
constituent la décadence du costume momifique. Enfin ce ne sont plus
des rois guerriers, illustres et puissants, mais des rois-prêtres dont les
mains débiles ont laissé morceler l’héritage des vieux pharaons.

La trouvaille de Deïr-el-Bahari a donc immédiatement soulevé bien des
problèmes historiques : le premier était de s’expliquer comment il peut
se faire que tant de rois célèbres aient été conservés, tandis que les sar-
cophages en granit de leurs hypogées magnifiques ont été déjà brisés
dans l’antiquité ou au moyen âge. Pourquoi se sont-ils retrouvés pêle-
mêle et en fugitifs chez des successeurs beaucoup moins anciens qu’eux
et très inférieurs ? Pourquoi ces derniers, qui sont tous du lignage du
pontife-roi lier-11 or^ sont-ils enterrés ensemble et non séparément, selon
la coutume immémoriale des grands d’Egypte? Enfin, pourquoi des traces
de troubles et de violence, trocs de cercueils, dégâts, transferts, dé-
sordre, confusion?

L’histoire d’Egypte est déjà assez connue pour expliquer ce fait, que
viennent encore éclairer différents papyrus de Thèbes conservés dans nos
musées, principalement les papyrus Abbott et Amhurst de Londres.

Près de treize siècles avant notre ère, vers le temps de la guerre de
Troie et peut-être de l’Exode (selon l’opinion de quelques-uns), l’Egvpte
commençait déjà à tomber en décadence. Epuisé par des siècles de
guerres lointaines, d’impôts et de corvées, le peuple voulait la paix à tout
prix, les grands demandaient repos et jouissances, et ainsi l’on perdait ces
possessions de Syrie, d’où Thèbes, l’immense capitale, tirait ses meilleures
ressources. Peu de temps après Sésostris, au commencement de la ving-
tième dynastie, l’anarchie était complète, l'indépendance personnelle et
la guerre civile régnaient partout : chaque gouverneur de province était
potentat. L’énergique Ramsès 111, en montant sur le trône, eut à déjouer
et à punir une vaste conspiration de palais dans laquelle trempaient tous
les dignitaires et femmes de cour. Le génie, la valeur et l’activité de ce
pharaon, le créateur de Médineh-Tabou, purent retarder la décadence et
le morcellement de l’empire ; mais sous ses faibles successeurs, les Ra-
messicles, tout retomba dans le désordre. Ainsi qu’il devait en arriver à
Rome quinze ou seize siècles après, le territoire de Thèbes se trouva in-
suffisant pour entretenir le luxe de ses rois, de ses prêtres, de ses grands
 
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