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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 2
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Courajod, Louis: Une édition avec variantes des bas-reliefs de bronze de l'armoire de Saint-Pierre-aux-Liens au Musée du Louvre et au South-Kensington Museum
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0168

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L’ARMOIRE DE SAINT-PIERRE-AUX-LIENS.

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l’apparence d’un ouvrage antique à sujet indéterminé, soit pour utiliser
en l’honneur d’un autre saint un fragment de Y Histoire sculptée du
prince des apôtres. Dans cette seconde hypothèse, le soldat qui, dans
l’édition primitive, n’était qu’un comparse et arrêtait saint Pierre, devien-
drait ici le héros de la scène ; et nous aurions à rechercher dans quelle
vie de saint militaire l’épisode du serpent jeté au feu pourrait se placer.
A notre connaissance, la biographie de saint Paul [Art. xxvm, 3 à 6) nous
fournirait seule l’occasion d’expliquer l’adaptation à un usage religieux du
bas-relief du Louvre. En effet, saint Paul, abordant dans l’île de Malte,
jeta au feu une vipère qui s’était attachée à sa main, et cet épisode de la
vie de Papôtre est un de ceux que l’iconographie chrétienne de toutes les
époques s’est complu à représenter.

Voici maintenant les variantes que l’édition du bas-relief aujourd’hui
en Angleterre présente avec l’édition romaine : les ailes de l’ange ont
été supprimées, ce qui nuit légèrement à l’équilibre et à la grâce de la
composition, et ce qui semble en même temps témoigner de l'intention de
transformer en sujet antique et païen un sujet originellement chrétien.
Le saint Pierre délivré, dont le costume est à peine modifié, se trouve
métamorphosé en femme. Tout le reste de la composition est resté iden-
tique. Dans l’hypothèse qu’à Londres le sujet serait encore hagiogra-
phique, il n’est pas facile de trouver une sainte à qui nous puissions
attribuer le fait miraculeux de la délivrance. Le livre du P. Cahier, la
Caractéristique des saints, nous signale bien sainte Glycère, vierge et mar-
tyre, qui fut visitée dans sa prison par un ange et reçut de lui sa nour-
riture. Le catalogue anglais en parle aussi ; mais, dans la légende de cette
sainte, il n’est pas question d’évasion. Les modifications pittoresques du
texte absolu de la légende s’expliqueraient, à la rigueur, par le besoin
d’utiliser un ensemble déjà composé. Mais alors pourquoi avoir supprimé
les ailes de fange? Sommes-nous en présence d’une sainte Agnès échap-
pant aux dangers qu’on a fait courir à sa virginité? Il est plus simple,
croyons-nous, de supposer une modification dans un sens païen, sans
affectation déterminée de sujet.

Quoi qu’on pense de l’interprétation à donner à la composition ainsi
altérée, le bas-relief de Londres n’est, comme le nôtre, qu’une variante
de l’un des bas-reliefs de Saint-Pierre-aux-Liens. 11 a, comme le nôtre, une
patine verte et lourde qui, sans être naturelle, est grasse et parfaitemen
ancienne. Il provient de l’une des ventes faites par M. Eugène Piot1,

1. Catalogue des objets d’art et d’antiquité, des tableaux, dessins et médailles des
xve et xvie siècles, de la collection de M. Eugène Piot, dont la vente aura lieu hôtel
Drouot, salle n° 5, les lundi 25 avril, etc.... Paris, avril 1-864, in-8°.
 
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