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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Fraser, S.-H.: Portrait attribué à Raphae͏̈l dans la collection du Prince Czartoryski
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0174

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LE « RAPHAËL » DU PRINCE CZÀRTORYSKI.

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sacrilège sur un prince de l’Église et avait assassiné en pleine rue le car-
dinal Alidosio? Ce front pur et tranquille ne peut être celui de l’homme
de guerre mêlé à ces drames sanglants et aux mille intrigues de l’époque.

M. Gruyer croit que ce portrait est l’œuvre d’un élève ou d’un colla-
borateur de Raphaël, et que l’exécution fait songer au Fattore, François
Penni, et qu’il n’y a du Sanzio que quelques retouches ou des rectifications
définitives. Son bon flair de connaisseur a mené M. Gruyer presque juste;
encore un moment et il déclarerait que Raphaël n’y a été, comme nous le
croyons, absolument pour rien. Raphaël est d’ailleurs moins théâtral dans
ses portraits incontestablement authentiques ; il représente presque tou-
jours de simples têtes dont il a le don de saisir comme au vol, dans leurs
meilleurs moments, la beauté, la grâce et l’intelligence; —il n’a que faire
d’accessoires. Selon nous, tout le faire du portrait est de l’école vénitienne.

Le Vasari et M. Gruyer arrivent cependant au même résultat sur la
grande valeur de l’œuvre : le premier nous dit que le portrait est
stupendissimo et, avec ses naïves prédilections pour les Florentins,
que le Yinci ou Michel-Ange n’auraient pas fait autrement le mouvement
d’yeux; M. Gruyer est d’avis que ce portrait, « par sa grande tournure et
sa beauté, est tout à fait digne de Raphaël ». On ne saurait demander de
plus grands éloges.

On trouverait sans doute bien d’autres arguments contre l’attribution
à Raphaël ou à son école et contre l’idée que c’est François de la Rovère.
D’abord la pose du personnage et le mouvement d’yeux sont précisément
ceux d’un peintre qui se peindrait lui-même, et nous sommes tous
d’accord sur ce point que ce n’est pas le Sanzio qui y est représenté.
Ensuite ce portrait a été acheté en 1807 à Venise ; or il n’était pas im-
possible que l’on y trouvât alors un Raphaël, mais il était infiniment plus
probable d’y trouver un Palme l’Ancien.

Fôrster et après lui plusieurs auteurs ont prétendu qu’il y a à la
Pinacothèque de Munich un tableau attribué au Giorgone qui s’accorde
exactement avec la description de Vasari du portrait du Palme. Le seul
portrait donné aujourd’hui à Giorgone à la Pinacothèque représente, dit-on,
le peintre Bonamico Bulfamalco dont le vêtement est orné de fourrures de
renard et qui tient à la main droite une paire de gants. Il ne s’accorde du
reste nullement avec le portrait qui nous occupe ni avec le style du Palme.

Somme toute, le prince Czartoryski ne perd rien à cette réhabilitation,
car elle lui donne un chef-d’œuvre du Palme, tenu par le Vasari, malgré
ses préférences de clocher, pour un des plus beaux portraits de l’époque,
au lieu d’un Raphaël plus que suspect.

XXVII. — 2e PÉRIODE.

S.-H. FRASER.

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