LES CURIOSITÉS DU DESSIN ANTIQUE.
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ture et le dessin. Encore une fois, le philosophe s’en émerveille. C’est à
partir du jour où les Phéniciens descendirent sur le sol grec que les bar-
rières tombèrent successivement devant l’art.
Qui sait si Thiéroglyphe n’a pas été une cause d’arrêt, en enfermant
l’artiste dans le cercle d’une série de formes déterminées dont on ne
s’écartait guère plus, de peur de détruire leur signification idéographique
et de brouiller tout le langage écrit.
Les Assyriens n’avaient plus d’écriture hiéroglyphique quand ils ont
fait quelques progrès. Les Phéniciens inventent l’écriture alphabétique.
A leur tour, ils font de plus grands progrès que les Assyriens.
Mais l’on trouverait sans doute une cause plus puissante de perfec-
tionnement dans les relations très suivies et très variées que Phéniciens,
puis Grecs entretinrent avec des races nombreuses.
Si jamais le génie d’un peuple a dû être le produit des circonstances
extérieures du milieu et d’une situation, c’est bien le génie grec.
La nation hellène a été un mélange de tribus fort diverses de tempé-
pôrament. Une immense et incessante émigration de peuples passant
d’Asie en Europe envoya tourbillonner au fond de ce cul-de-sac, enve-
loppé par la Méditerranée, une foule de petites hordes qu’il emprisonna
et qui s’y-amalgamèrent tant bien que mal, les unes agricoles, les autres
pastorales et celles-là maritimes. Des colons phéniciens, des Lydiens, des
Phrygiens, des Teucriens, des Caucasiens, des Assyriens, des Egyptiens,
des Gariens, des Tyrrhéniens eurent par là-dessus leur action en Grèce,
où un frottement vif se fit entre leurs esprits, leurs cultes, leurs
mœurs, leurs industries. Tant de relations, le contact de peuples, d’idées,
d’usages si variés, poussèrent forcément les Grecs au progrès. L’esprit et
la race helléniques devinrent un véritable creuset où s’allumèrent, s’al-
lièrent, s’affinèrent et formèrent un composé délicat et complexe tous les
éléments supérieurs et actifs de la civilisation antique. Les Grecs furent
un résumé des peuples plutôt qu’un peuple. Tout le bassin de la
Méditerranée déversa chez eux les dons, les facultés de ses popula-
tions.
La pauvreté du sol, les rivalités intestines, l’échancrure des côtes avec
leurs ports innombrables sollicitaient ou imprimaient sans cesse une
expansion au dehors; cette expansion transmettait à d’autres pays, à d’au-
tres nations, le progrès hellénique, pour le renvoyer à son foyer originel
avec l’enrichissement de nouvelles transformations, de nouvelles acquisi-
tions.
Au lieu des races qui ont fait la grandeur grecque, envoyez dans ce
pays quelques-unes de ces autres tribus qui restèrent éparses, arrêtées en
XXVII. — 2e PERIODE. 26
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ture et le dessin. Encore une fois, le philosophe s’en émerveille. C’est à
partir du jour où les Phéniciens descendirent sur le sol grec que les bar-
rières tombèrent successivement devant l’art.
Qui sait si Thiéroglyphe n’a pas été une cause d’arrêt, en enfermant
l’artiste dans le cercle d’une série de formes déterminées dont on ne
s’écartait guère plus, de peur de détruire leur signification idéographique
et de brouiller tout le langage écrit.
Les Assyriens n’avaient plus d’écriture hiéroglyphique quand ils ont
fait quelques progrès. Les Phéniciens inventent l’écriture alphabétique.
A leur tour, ils font de plus grands progrès que les Assyriens.
Mais l’on trouverait sans doute une cause plus puissante de perfec-
tionnement dans les relations très suivies et très variées que Phéniciens,
puis Grecs entretinrent avec des races nombreuses.
Si jamais le génie d’un peuple a dû être le produit des circonstances
extérieures du milieu et d’une situation, c’est bien le génie grec.
La nation hellène a été un mélange de tribus fort diverses de tempé-
pôrament. Une immense et incessante émigration de peuples passant
d’Asie en Europe envoya tourbillonner au fond de ce cul-de-sac, enve-
loppé par la Méditerranée, une foule de petites hordes qu’il emprisonna
et qui s’y-amalgamèrent tant bien que mal, les unes agricoles, les autres
pastorales et celles-là maritimes. Des colons phéniciens, des Lydiens, des
Phrygiens, des Teucriens, des Caucasiens, des Assyriens, des Egyptiens,
des Gariens, des Tyrrhéniens eurent par là-dessus leur action en Grèce,
où un frottement vif se fit entre leurs esprits, leurs cultes, leurs
mœurs, leurs industries. Tant de relations, le contact de peuples, d’idées,
d’usages si variés, poussèrent forcément les Grecs au progrès. L’esprit et
la race helléniques devinrent un véritable creuset où s’allumèrent, s’al-
lièrent, s’affinèrent et formèrent un composé délicat et complexe tous les
éléments supérieurs et actifs de la civilisation antique. Les Grecs furent
un résumé des peuples plutôt qu’un peuple. Tout le bassin de la
Méditerranée déversa chez eux les dons, les facultés de ses popula-
tions.
La pauvreté du sol, les rivalités intestines, l’échancrure des côtes avec
leurs ports innombrables sollicitaient ou imprimaient sans cesse une
expansion au dehors; cette expansion transmettait à d’autres pays, à d’au-
tres nations, le progrès hellénique, pour le renvoyer à son foyer originel
avec l’enrichissement de nouvelles transformations, de nouvelles acquisi-
tions.
Au lieu des races qui ont fait la grandeur grecque, envoyez dans ce
pays quelques-unes de ces autres tribus qui restèrent éparses, arrêtées en
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