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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
leur garniture de mosaïques et de bronzes, le rythme général partant du
pavillon principal. Afin de leur donner la solidité nécessaire, l’architecte
y a renforcé le premier et le second étage par des entrecolonnements et
des frises de pierre, et, au heu de l’attique évidée, où s’y voit dérouler
de larges bandeaux de mosaïques ornementales. Sur ces bases éclatantes
les acrotères des pavillons s’épanouissent avec plus d’ampleur sous les
coupoles allongées qui les surmontent et se couronnent elles-mêmes d’un
lanternon ouvert avec balcon et colonnettes.
Les matériaux des couleurs les plus variées, pierre de Corgoloin à la
base, pierre de Chassignelles au premier étage, pierre de Tercé au
second, pierre de Château-Gaillard au troisième, fer forgé et fer laminé,
bronze doré et ciselé, marbre vert de Gênes dans les tympans, marbre
cipolin pour les fonds d’inscriptions, brèche Carignan pour les pan-
neaux des rotondes, granit d’Ecosse pour les colonnettes de la loggia,
mosaïques de Venise, ont donc été mis en œuvre par un partisan résolu
de la polychromie architecturale ; c’est là justement que toute la pru-
dence de M. Sédille se manifeste. Plus il est résolu à réaccoutumer nos
yeux français à la gaieté parlante des façades colorées, plus il demande
conseil à ces maîtres avisés de la Renaissance italienne qui ont su don-
ner, dans leurs constructions, aux marbres, aux terres cuites, aux émaux
un rôle d’autant plus agréable qu’il était plus discret, en ne leur deman-
dant, le plus souvent, que de simples rehauts destinés à mieux faire valoir
la netteté expressive de leur parti pris linéaire et la perfection raffinée
de leurs détails décoratifs. Cette préoccupation constante des divisions
bien établies, des ornements clairs, des pondérations élégantes, des dé-
tails délicats, de l’unité de conception et d’exécution appliquée aux mor-
ceaux les moins apparents de l’ensemble, n’est pas un des caractères les
moins précieux de son talent.
Du haut en bas de l’édifice, depuis les grilles d’entrée jusqu’aux
girouettes des lanternons, on trouve cette marque consciencieuse d’une
imagination personnelle et réfléchie qui ne laisse rien au hasard. Les
diverses parties que reproduit la Gazette, prises sur des points différents de
la construction, donnent suffisamment la mesure du goût avec lequel ont
été cherchés, dans un sentiment d’unité décorative, les profils des crêtes
perdues sur les hautes toitures aussi bien que les sculptures à hauteur
d’œil des travées inférieures, la structure des lustres intérieurs à lampes
électriques incandescentes aussi bien que celle des grilles donnant sur la
rue. Des éléments qu’il emprunte à l’art grec, à l’art italien, et même
à l’art du moyen âge, comme dans son lampadaire dont la disposition
rappelle certaines pièces du Trésor de Guarrazar, M. Sédille fait avec
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
leur garniture de mosaïques et de bronzes, le rythme général partant du
pavillon principal. Afin de leur donner la solidité nécessaire, l’architecte
y a renforcé le premier et le second étage par des entrecolonnements et
des frises de pierre, et, au heu de l’attique évidée, où s’y voit dérouler
de larges bandeaux de mosaïques ornementales. Sur ces bases éclatantes
les acrotères des pavillons s’épanouissent avec plus d’ampleur sous les
coupoles allongées qui les surmontent et se couronnent elles-mêmes d’un
lanternon ouvert avec balcon et colonnettes.
Les matériaux des couleurs les plus variées, pierre de Corgoloin à la
base, pierre de Chassignelles au premier étage, pierre de Tercé au
second, pierre de Château-Gaillard au troisième, fer forgé et fer laminé,
bronze doré et ciselé, marbre vert de Gênes dans les tympans, marbre
cipolin pour les fonds d’inscriptions, brèche Carignan pour les pan-
neaux des rotondes, granit d’Ecosse pour les colonnettes de la loggia,
mosaïques de Venise, ont donc été mis en œuvre par un partisan résolu
de la polychromie architecturale ; c’est là justement que toute la pru-
dence de M. Sédille se manifeste. Plus il est résolu à réaccoutumer nos
yeux français à la gaieté parlante des façades colorées, plus il demande
conseil à ces maîtres avisés de la Renaissance italienne qui ont su don-
ner, dans leurs constructions, aux marbres, aux terres cuites, aux émaux
un rôle d’autant plus agréable qu’il était plus discret, en ne leur deman-
dant, le plus souvent, que de simples rehauts destinés à mieux faire valoir
la netteté expressive de leur parti pris linéaire et la perfection raffinée
de leurs détails décoratifs. Cette préoccupation constante des divisions
bien établies, des ornements clairs, des pondérations élégantes, des dé-
tails délicats, de l’unité de conception et d’exécution appliquée aux mor-
ceaux les moins apparents de l’ensemble, n’est pas un des caractères les
moins précieux de son talent.
Du haut en bas de l’édifice, depuis les grilles d’entrée jusqu’aux
girouettes des lanternons, on trouve cette marque consciencieuse d’une
imagination personnelle et réfléchie qui ne laisse rien au hasard. Les
diverses parties que reproduit la Gazette, prises sur des points différents de
la construction, donnent suffisamment la mesure du goût avec lequel ont
été cherchés, dans un sentiment d’unité décorative, les profils des crêtes
perdues sur les hautes toitures aussi bien que les sculptures à hauteur
d’œil des travées inférieures, la structure des lustres intérieurs à lampes
électriques incandescentes aussi bien que celle des grilles donnant sur la
rue. Des éléments qu’il emprunte à l’art grec, à l’art italien, et même
à l’art du moyen âge, comme dans son lampadaire dont la disposition
rappelle certaines pièces du Trésor de Guarrazar, M. Sédille fait avec