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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: L' exposition des beaux-arts à Rome
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0299

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280

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

vaille. Assis au Sénat, il tourne de côté sa tête énergique, pour regarder sans doute
César qui parle. Mais l’œuvre n’est encore qu’en plâtre et d’une indication bien som-
maire. Que sera le marbre?

Le buste de la reine d’Italie, par M. G. Ugolini, est d’un homme qui sait composer
et qui ne s’attarde pas aux bagatelles des fanfreluches accessoires.

11 y aurait encore quelques bustes à citer. Celui en marbre de Rossini, aux chairs
flasques, par le professeur Salvino Salvini, et celui en plâtre de Sarti, regardant de
côté de son œil couvert, et d’un air bougon, par le professeur Luigi Guglielmi.

Si le marbre s’assouplit à l’excès sous la main des praticiens de la péninsule, que
devient le bronze? On peut le deviner d’après les quelques échantillons que nous
avons vus à nos derniers Salons, et je ne crois pas que nous ayons à Paris, sauf ceiui
de IL Gonon, qui est le dernier représentant des praticiens à cire perdue, un atelier
d’où il puisse sortir des fontes qui aient conservé à un même degré toutes les délica-
tesses du modèle, et qui montrent des patines aussi variées.

Un buste de gamin fumant sa première cigarette, par M. E. Marsili, celui d’un
Type napolitain, par M. Y. Alfano, sont des exemples accomplis de cet art particu-
lier. Dans un ordre plus élevé, le Fossor, ou plutôt le lapidicide, qui grave une épi-
taphe dans la pierre sur laquelle il est assis, une jambe de ci et une jambe de là, est
une étude naturaliste du nu, qui montre en M. E. Francheschi un artiste qui sait voir,
s’il ne veut corriger.

On accuse parfois les Italiens d’introduire des moulages d’après le vif dans leurs
statues; on n’adressera pas ce reproche à M. C. Bartella, qui modèle de petits groupes
populaires avec beaucoup d’esprit et de verve. Ce qu’on n’ose pas dire on le chante.
Ce qui ne mérite pas d’être coulé en bronze on le cuit en terre. Aussi l’extravagance
se donne là pleine carrière. On y voit un Garibaldi qui fait rire, même les Romains.

L’Exposition des beaux-arts appliqués à l’industrie, un peu disséminée dans les ga-
leries qui lui sont réservées, ne vaut pas celle de Milan d’il y a deux ans. J’y retrouve
ces meubles d’ébène ou de bois noirci incrusté d’ivoire que nous connaissons trop;
ceux de noyer sculpté, dont l’exécution vaut mieux que la forme, et ces affreuses sta-
tues polychromes en bois, pages ou singes, qui vous présentent un plateau.

Quelques tissus de soie sont loin des anciens produits de Venise ou de Gênes.

Quant à la céramique, elle fait de grands progrès. Elle a commencé par imiter
les faïences du xvne siècle, de Castelli, qu’à Naples on appelle des Abruzzes, puis
celles du xvic siècle, avec des réussites diverses. Voici qu’un des fils de l’éminent an-
tiquaire, M. A. Castellani, remonte au xve siècle et, cherchant même une voie plus
personnelle, produit des œuvres fort originales.

Les ateliers de Murano, enfin, ranimés d’abord par Salviati, puis par la Compagnie
Venise et Murano, refont tout ce que la verrerie d’Alexandrie, de Rome et de Byzance,
ainsi que de leurs propres lagunes, ont fait jadis du m au xvie siècle. Mais c’est un art
d’imitation que l’on retrouve surtout dans les galeries de l’industrie italienne, et rien
d’original ne s’en dégage, à moins que cela ne tombe dans l’excès du mauvais goût, et
encore que de précédents, à partir du xvne siècle, peuvent entraîner les artisans italiens
dans la mauvaise voie. Et comme en ce pays l’excellent est voisin du pire!

ALFRED DARCEL.

Le Rédacteur en chef, gérant : LOUIS GONSE.

PARIS. — TYP. A. QUANTIN, 1, RUE S A IN T-B E N O I T . — ( 301]
 
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