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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 4
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Bigot, Charles: Les fresques de Raphae͏̈l à la Farnésine, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0315

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LES FRESQUES DE RAPHAËL A LA FAR NÉSI NE. 295

Ce qui est plus vraisemblable, c’est qu’il se détacha de lui-même et
sans effort. Dans la Psyché telle qu’il la comprit, il allait trouver l’Olympe
tout entier, avec ses dieux et ses déesses, tous harmonieux et superbes,
exprimant les types différents de la beauté et de la force humaine, mais
tous les fils et les fdles du ciel. La légende de Galatée, même agrandie et
élargie, ne se prêtait point à un semblable développement. Trois acteurs
seulement y ont place : Galatée, Acis et le Cvclope. On voit bien quelle
admirable peinture eût pu faire Raphaël d’Acis et de Galatée. Mais quoi !
il fallait bien l’aborder, cette triste physionomie de Polyphénie, avec son
œil unique, son corps velu, son effroyable sauvagerie! Il n’est pas témé-
raire de penser que ce fut devant cette tâche surtout que Raphaël recula.
Tout en lui répugnait à la simple laideur, à la difformité plus encore.
Son imagination ne se plaisait que parmi les visions élégantes et harmo-
nieuses. Il tourna et retourna sans doute en lui-même cette apparition du
monstre horrible; il n’arriva point à surmonter l’horreur qu’elle lui inspi-
rait.

Il avait été droit d’abord à cette vision de Galatée triomphante qui
l’avait fasciné; il t’avait vue surgir devant ses yeux enchantés en lisant
la description de Philostrate ; il l’avait vue apparaître plus nettement
encore dans les vers de Théocrite : « La blanche Galatée court légère
sur le Ilot limpide qui vient avec un doux murmure expirer sur le
rivage ». Il avait réalisé cette vision ; que lui fallait-il de plus? N’avail-il
pas tiré de cette légende tout ce qu’elle pouvait fournir dont se pût
inspirer son génie ? Le reste lui importait peu ; et que nous importe le
reste, à nous aussi? Laissons à leur sort le pauvre Acis et Polvphème.
Galatée, c’est le cantique glorieux de la jeunesse, de la joie, de l’amour;
c’est plus encore, c’est le triomphe de la beauté toute-puissante et sou-
veraine, la plus radieuse apparition que puisse contempler un œil
humain, la plus noble adoration qui puisse séduire et entraîner les
cœurs. Qu’eût pu offrir d’égal la suite de la légende? Ne reprochons pas
à Raphaël d’en être resté là. Tout ce qu’il avait à dire, il l’avait dit.

C tl ARLES BIGOT.

[La suite prochainement. )

N. d. l. r. — Nous croyons devoir rappeler aux lecteurs de la Gazette que
M. F.-A. Gruyer a consacré au Triomphe de Galatée une étude qui a paru dans le
tome XIV, H® période, p. 35 à 49. Il peut être curieux de rapprocher ce travail de
celui de M. Ch. Bigot.
 
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