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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 4
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Bonnaffé, Edmond: Les restes d'un grand homme
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0347

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326

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

macien de Rennes, le sieur Hamon, consulté sur la matière, ne trouve
rien de mieux que de badigeonner le tout avec un vernis jaune, en
usage pour les préparations d’histoire naturelle. La malheureuse épave
était encore line fois sauvée, mais pour combien de temps? Il fallait
assurer l’avenir, prévenir de nouveaux désastres. Sur ces entrefaites,
M. Armez père était mort laissant le triste héritage à son fils, ancien
député des Côtes-du-Nord et, en dernier lieu, maire de Plourivo. Celui-ci,
sollicité depuis longtemps par la Société archéologique, finit par se déci-
der au seul parti raisonnable. Il se rendit à Paris, et c’est lui qui venait
offrir à l’empereur le masque du grand cardinal, en lui demandant d’en
faire la restitution au tombeau de la Sorbonne1.

Le 15 décembre 1866, l’archevêque de Paris, Mgr Darbov, recevait à
la Sorbonne le précieux dépôt, pieusement renfermé dans un coffret, et
le faisait replacer en grande pompe sous le monument même du cardi-
nal , en présence du duc de Richelieu et des membres du gouvernement,
du clergé, de l’Académie française, etc., convoqués pour la cérémonie.

M. Maurice Cottier, l’un des propriétaires de la Gazette des Beaux-
Arts, — un amateur doublé d’un artiste et d’un philosophe, -— avait été
admis à voir le masque du cardinal. Frappé de cette figure saisissante qui
allait disparaître pour toujours, il sollicita et obtint la faveur exception-
nelle d’en faire un dessin. Nous en donnons le fac-similé2.

Tout Richelieu est là ; le reste a disparu, son palais n’existe plus, son
château est rasé de fond en comble, ses tableaux et ses antiques jetés aux
quatre vents avec son œuvre, sa gloire, son souvenir et ses ossements.
Et, comme si la fatalité s’attachait à tous les personnages de cette funèbre
histoire, l’empereur est mort en exil, l’archevêque de Paris, hélas ! a été
fusillé, le dernier des Richelieu s’éteignait naguère sans enfants, et l’au-
teur même de notre dessin, le penseur qui avait voulu conserver du
moins cette image tragique des vanités humaines et du peu que nous
sommes, Maurice Cottier mourait l’année dernière emporté par un mal
foudroyant.

EDMOND T50NNAFFÉ. 4

4. Les Tombeaux des Richelieu, par le comte de Fontaine de Resbecq, -1867.

2. Au dernier moment, M. le colonel Duhousset nous communique un dessin
d’après le masque de Richelieu, qu’il a fait à la même époque et dans les mêmes con-
ditions que M. M. Cottier. La tête est entièrement de face. Ce dessin, relevé au com-
pas et d’une précision mathématique, a été exécuté par M. Duhousset pour servir de
documents à ses recherches savantes sur l’anthropologie.
 
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