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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 4
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Lefort, Paul: Velazquez, 10
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0352

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VELÂZQUEZ.

331

Ne sait-on pas, d’ailleurs, que les peintres ne cessaient d’avoiralors
avec le fisc de constants démêlés, parce que celui-ci taxait leurs ou-
vrages, les traitant comme une marchandise quelconque sujette à gabelle
(alcabala). Sur ce point donc, l’affaire des preuves présentait un semblant
de difficulté que chacun des comparants par devant les commissaires
enquêteurs s’applique à tourner. Les uns après les autres, tous ont soin
d’affirmer que si Velâzquez peint, c’est seulement par ordre du Roi et
uniquement pour contribuer à l’embellissement et à la décoration du
palais; qu’il n’a jamais vendu ou fait vendre de sa peinture et qu’il est,
enfin, à leur connaissance qu’il ne possède et n’a ouvert à aucun moment
de sa vie ni atelier, ni boutique, ni étalage de vente.

C’est dans ce sens que dépose don Geronimo Muhoz, lequel était un
grand personnage et, avec cela, un collectionneur de haut goût, un peu
initié lui-même, tout grand seigneur qu’il fut, à l’art de peindre. Telles
sont bien aussi, en leur substance, les déclarations que viennent faire
Alonso Cano, Juan Carreno, Francisco Zurbaran, Francisco de Burgos
Mantilla, Angelo Nardi, Sébastian de Herrera, Pedro de la ïorre, Juan de
Villegas Gallego, peintres, sculpteurs, architectes qui étaient ou les élèves,
ou les émules, ou les collaborateurs du maître dans les grands travaux du
palais.

A l’appui de son témoignage, Carreno cite ce fait, que Velâzquez
ayant été appelé à peindre le portrait du cardinal Borja, alors archevêque
de Tolède, il refusa d’en recevoir aucun prix, et que le cardinal ne put lui
faire accepter, comme récompense, qu’un présent composé de bijoux d’ar-
gent et d’un peinador.

C’est sur ce même point que s’étend encore le plus complaisamment
la déclaration de don Gaspar de Fuensalida, le même qui nous a déjà fait
savoir en quelle haute estime Rubens tenait le talent de Velâzquez.

« J’atteste, dit le bon greffier du Roi, que Velâzquez n’a peint que ce
que Sa Majesté lui a ordonné elle-même d’exécuter, soit pour ses palais,
soit pour être adressé en présent à des princes étrangers. »

D’après don Gaspar, le roi aurait envoyé l’artiste à trois reprises diffé-
rentes en Italie, et, à l’occasion de ces missions, le témoin rappelle de
quel accueil affectueux Velâzquez fut l’objet de la part des papes Urbain VIII
et Innocent X, et comment, enfin, on le regardait partout comme « le plus
parfait modèle de la peinture. »

A don Gaspar succède le marquis de Malpica, ce surintendant des
palais qui, en une occasion dont nous avons parlé, avait eu avec l’artiste
quelques démêlés. L’orgueilleux personnage affirme hautement que Velâz-
quez ne tient et n’a jamais tenu de boutique de tableaux comme le font
 
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