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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
triche et Philippe IV, son frère, la paix entre les deux rois fut jurée par
eux avec beaucoup de solennité. Cette imposante cérémonie, à laquelle
assistèrent les plus grands personnages appartenant aux deux cours, eut
lieu dans la salle dite de la Conférence, qui occupait le milieu du pavillon.
a Chaque côté de cette salle — dit Mmc de Motteville — était meublé, par
les deux rois, de belles tapisseries et de brocarts. Celles d’Espagne étaient
admirablement belles, et certaines choses aussi du côté du roi étaient
plus riches. »
Velâzquez, qui avait pris part à l’organisation de toutes les fêtes et
des cérémonies où figurait Philippe IV, s’y était fait remarquer par la
distinction et la noblesse de ses manières, au moins autant que par l’élé-
gance et la richesse de son costume.
Il fut vivement complimenté de tous côtés pour les soins, le tact et le
goût exquis qu’il n’avait cessé d’apporter dans l’accomplissement des
devoirs de sa charge. Mais ces multiples occupations lui avaient imposé
de trop rudes fatigues. Son retour à Madrid fut pour les siens une heu-
reuse surprise, car le bruit de sa maladie, même de sa mort, s’était ré-
pandu quelques jours avant son arrivée. Toutefois, et malgré sa santé
ébranlée, il parvint, quelque temps encore, à retrouver assez de forces
pour reprendre son service auprès du roi. Mais, tout cl’un coup, le
31 juillet, après avoir fait acte de présence au palais, il se sentit souf-
frant; bientôt il fut en proie à de nombreux et violents accès de fièvre.
Sentant que sa fin était prochaine, il fit ses dernières dispositions, légua
tous ses biens à Juana Pacheco, désignant son vieil ami don Gaspar de
Fuensalida et son gendre Juan del Mazo pour ses exécuteurs testamen-
taires.
Malgré tous les soins que lui prodiguèrent les propres médecins du
roi, il mourut, le 6 août J660, dans la soixante et unième année de son
âge.
Velâzquez fut enterré en grande pompe dans le caveau que possédait
Fuensalida dans l’église paroissiale de San-Juan, située prés du palais; à
l’époque de l’occupation française, cette église fut abattue pour créer la
place d’Oriente.
Un de ses élèves, Alfaro, qui se piquait de belles-lettres, composa en
son honneur une longue épitaphe latine, rapportée par Palomino.
Huit jours après, le là août 1660, Juana Pacheco mourait subite-
ment. Ses restes furent déposés près de ceux de son mari.
La mort du grand artiste fut pour sa famille l’origine d’assez graves et
longues difficultés. Depuis son retour à Madrid, il n’avait point eu le loisir
et la tranquillité nécessaires pour rendre compte des avances que lui
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
triche et Philippe IV, son frère, la paix entre les deux rois fut jurée par
eux avec beaucoup de solennité. Cette imposante cérémonie, à laquelle
assistèrent les plus grands personnages appartenant aux deux cours, eut
lieu dans la salle dite de la Conférence, qui occupait le milieu du pavillon.
a Chaque côté de cette salle — dit Mmc de Motteville — était meublé, par
les deux rois, de belles tapisseries et de brocarts. Celles d’Espagne étaient
admirablement belles, et certaines choses aussi du côté du roi étaient
plus riches. »
Velâzquez, qui avait pris part à l’organisation de toutes les fêtes et
des cérémonies où figurait Philippe IV, s’y était fait remarquer par la
distinction et la noblesse de ses manières, au moins autant que par l’élé-
gance et la richesse de son costume.
Il fut vivement complimenté de tous côtés pour les soins, le tact et le
goût exquis qu’il n’avait cessé d’apporter dans l’accomplissement des
devoirs de sa charge. Mais ces multiples occupations lui avaient imposé
de trop rudes fatigues. Son retour à Madrid fut pour les siens une heu-
reuse surprise, car le bruit de sa maladie, même de sa mort, s’était ré-
pandu quelques jours avant son arrivée. Toutefois, et malgré sa santé
ébranlée, il parvint, quelque temps encore, à retrouver assez de forces
pour reprendre son service auprès du roi. Mais, tout cl’un coup, le
31 juillet, après avoir fait acte de présence au palais, il se sentit souf-
frant; bientôt il fut en proie à de nombreux et violents accès de fièvre.
Sentant que sa fin était prochaine, il fit ses dernières dispositions, légua
tous ses biens à Juana Pacheco, désignant son vieil ami don Gaspar de
Fuensalida et son gendre Juan del Mazo pour ses exécuteurs testamen-
taires.
Malgré tous les soins que lui prodiguèrent les propres médecins du
roi, il mourut, le 6 août J660, dans la soixante et unième année de son
âge.
Velâzquez fut enterré en grande pompe dans le caveau que possédait
Fuensalida dans l’église paroissiale de San-Juan, située prés du palais; à
l’époque de l’occupation française, cette église fut abattue pour créer la
place d’Oriente.
Un de ses élèves, Alfaro, qui se piquait de belles-lettres, composa en
son honneur une longue épitaphe latine, rapportée par Palomino.
Huit jours après, le là août 1660, Juana Pacheco mourait subite-
ment. Ses restes furent déposés près de ceux de son mari.
La mort du grand artiste fut pour sa famille l’origine d’assez graves et
longues difficultés. Depuis son retour à Madrid, il n’avait point eu le loisir
et la tranquillité nécessaires pour rendre compte des avances que lui