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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

DOI issue:
Nr. 5
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Lenormant, François: L' art du Moyen Âge dans la Pouille, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0410

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388

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

radius. De là l’opinion qui, depuis celle époque, se répète servilement
presque partout et qui interprète le bronze de Barletta comme un colosse
de cet empereur. Archéologiquement, elle ne saurait en aucune façon se
défendre. La tête de la statue n’est pas celle d’Héraclius, bien connue
par ses monnaies. De plus, il est absolument impossible d’admettre qu’une
statue encore aussi antique date du vne siècle. On ne peut la faire des-
cendre plus bas que la fin du ive. La comparaison avec les effigies moné-
taires doit faire reconnaître avec certitude, comme Marulli a été seul à
s’en apercevoir, Théodose le Grand dans le colosse de Barletta. Et l’on doit
ajouter que c’est tout à fait à la fin de sa vie, quand l’âge s’était marqué
dans ses traits, qu’il a été représenté par l’auteur de cette statue.

On ignore absolument son origine et son histoire avant le xive siècle.
Il n’existe à ce sujet ni documents ni même de tradition ayant de la va-
leur. Car il est impossible de prendre au sérieux ce que dit une épigramme
en vers latins de 1A91, citée par Tarquinio Longo dans sa Storia di
S. Rugiero vescovo e cou [essore, palronedi Barletta (Naples, 1607) : que
cette image d’Héraclius (!) fut fondue à Constantinople (ceci est possible
et même probable) par un nommé Polyphobos, qu’elle y resta sur une des
principales places jusqu’à la prise de la ville impériale par les croisés,
que les Vénitiens l’enlevèrent alors pour la placer dans leur cité comme
trophée, mais que le navire qui la portait fit naufrage à Barletta, où le
colosse resta, sans qu'on sût désormais comment l’enlever. Toute cette
historiette, qui ne repose sur rien de solide, est une simple fantaisie d’un
lettré de la Renaissance.

Une inscription latine de Canosa parle d’une statue de bronze doré de
Théodose, que les habitants de l’Apulie et de la Calabre avaient élevée à
frais communs dans cette ville. Mais elle était équestre, et par conséquent
ne saurait être confondue avec le colosse de Barletta.

( La mile prochainement. J

FRANÇOIS LENORMANT.
 
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