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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 5
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Havard, Henry: Johannes Vermeer (Van der Meer de Delft), 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0412

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390

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

passent au compte d’autres artistes mieux cotés. La constatation de ce
méfait ne date pas d’hier.

« Personne n’ignore, écrivait en \ 808 le chevalier de Burtin1, qu’en
effaçant les noms un vil manège a déjà plongé dans l’oubli le souvenir
de maint excellent artiste ancien dont on ne retrouve plus, ou presque
plus de traces, sinon dans les ouvrages des biographes, qui nous ont
transmis les justes éloges qu’ont mérités de leurs contemporains (parmi
tant d’illustres concurrents) beaucoup de peintres dont on ne connaît
plus les ouvrages aujourd’hui. »

C’est ainsi que la spéculation dépouille certains artistes de la part de
gloire à laquelle ils ont droit, en attribuant uniformément leurs œuvres à
un rival dont la signature fait prime, et à cinquante ans de distance une
génération touffue de peintres et de sculpteurs, qui comptait par cen-
taines les hommes de talent, semble se résumer en une douzaine de pro-
ducteurs qui, seuls, demeurent connus et appréciés du public.

Le plus souvent, il est vrai, celui qui constate cette étrange absorp-
tion essaye de se consoler de cette disparition singulière, en se persua-
dant que ceux qui n’ont pas survécu n’étaient pas nés viables. En vain
l’estime dont ils ont joui dans leur temps vient-elle protester contre un
jugement si lestement formulé. En vain objecte-t-on les prix relativement
élevés payés pour leurs œuvres, le goût avéré de leurs protecteurs, la
haute considération dont les entouraient leurs confrères, on trouve tou-
jours quelque bonne raison pour s’abuser sur leur compte, quelque
motif ingénieux pour expliquer leur éclipse, jusqu’au jour où l’appari-
tion subite d’un chef-d’œuvre,inattendu vient renverser le pénible écha-
faudage de ces suppositions malveillantes , et attester que le pauvre
méconnu était sinon un artiste de génie, du moins un ouvrier d’un
merveilleux talent. C’est là le cas de Johannes Yermeer, dont nous
allons essayer de retracer la vie.

I.

Rien n’est à la fois plus instructif et plus curieux que l’histoire de ce
grand peintre méconnu. De son vivant, il fut apprécié comme artiste et
honoré comme homme.

Dirk van Bleyswijck, secrétaire du magistrat de la ville de Delft, per-
sonnage considérable par conséquent, voulant consacrer pour la postérité

4. Traité théorique et pratique des connaissances qui sont nécessaires à tout
amateur de tableaux, etc. Bruxelles, 4 808, t. Ier, p. 303.
 
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