Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Exposition de l'art japonais
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0424

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
EXPOSITION DE L’ART JAPONAIS.

401

nais et en révélera le mystère. Mais admirez l’inconséquence humaine!
Au moment même où il affirme par son exemple que, pour traiter une
question, il n’est pas mauvais de l’avoir apprise, notre imprudent ami
imagine de confier le compte rendu de l’Exposition de la rue de Sèze à
un débutant qui ne lui est recommandé que par son ignorance. Il estime
que cet infortuné n’aura pas de parti pris, qu’il entrera avec une âme
d’enfant dans l’étude d’un art en dehors de ses préoccupations habi-
tuelles, et qu’il apportera à cette difficile besogne l’ardeur candide d’un
« nouveau. »

« Nouveau » est vraiment très bien dit. Ayant éprouvé à une époque
déjà lointaine l’impérieux besoin de connaître Mantegna, Fragonard et
quelques autres, je n’ai pu, comme je l’aurais du faire, étudier, même
de loin, les régions orientales. Hélas! combien de temps perdu! Quelle
récolte est possible quand on a laissé passer la saison des semailles?
J’avais au cœur un vague remords. J’arrive troublé par un repentir tardif
et je me déclare prêt à apprendre. J’ajoute que le changement de décor
s’est opéré chez moi avec une promptitude dont l’histoire offre peu
d’exemples. Le 10 avril, à deux heures, j’entrais naïvement à l’Exposi-
tion de la rue de Sèze : à deux heures dix, j’étais japoniste.

Mais on comprend que si, dans les choses du cœur, quelques minutes
suffisent pour passer de l’indifférence à la passion, ce délai est un peu
court pour permettre à l’inexpérience d’un nouveau débarqué de deve-
nir une érudition bien authentique. Assurément, l’excellent catalogue
publié par M. Louis Gonse est, depuis quinze jours, mon bréviaire; les
savants amateurs à qui l’Exposition doit son éclat, MM. Burty, Théodore
Duret, Bing, Alphonse Hirsch, d’autres encore, m’ont fraternellement
ouvert leurs vitrines et ont murmuré à mon oreille des mots et des noms
inconnus; le directeur de la Gazelle veut bien reconnaître chez moi une
docilité qui promet; mais, malgré les plus nobles efforts, mon japonisme
est encore trop « petit garçon » pour tout comprendre et il y a des choses
qu’il ne comprend pas.

L’esprit moderne a ses exigences. Il n’entre point aisément dans un
art dont il ignore l’histoire; il répugne à admettre l’existence d’un peuple
isolé, grandissant dans son idéal et caressant son rêve sans regarder çà et
là du côté du voisin. L’art japonais a son caractère spécial; mais cette
personnalité, il semble l’avoir conquise à la suite de longs débats; il a
du, à diverses reprises, —- et surtout au commencement, — obéir à des
influences venues du dehors. On voudrait ici une chronique curieuse-
ment contrôlée qui donnât une idée juste du point de départ, des pre-
mières invasions étrangères et comme un aperçu de l’état du Japon aux
XXVII. — 2e période. 51
 
Annotationen