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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Exposition de l'art japonais
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0433

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410

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

borateur1. Je rappellerai seulement, pour les affamés de chronologie,
que l’aimable Hokousaï, que l’on voudrait avoir connu, est mort très
âgé en 18Û9. Il est donc d’hier; il est aussi de demain, car son talent est
de la plus éloquente modernité. Quel caprice et quelle science dans la
série d’aquarelles, faites d’un coup de pinceau, que M. Gonse a recueil-
lies ! Quelle habileté à mêler les colorations heureuses et fines dans
l’étonnant kakémono qui appartient au même amateur et qui montre une
élégante blanchisseuse lavant du linge au bord d’un ruisseau ! Il y a là
une association de tons qui semble dédiée aux délicats. Hokousaï méri-
terait de longues écritures. Mais comment, je le répète , caractériser
en deux mots l’inépuisable fantaisie de ce dessinateur, qui sait si bien la
loi générale du geste, la naïveté ou la comédie des attitudes, le charme
pénétrant du paysage, et qui ajoute à ces qualités toutes celles d’un
coloriste de premier ordre?

Nous avons d’ailleurs l’intention secrète de revenir plus longuement
sur les caractères généraux et sur l’histoire de l’art japonais. Une belle
occasion de parler à notre aise de cette école originale et libre se présen-
tera le jour, heureusement assez prochain, où M. Louis Gonse publiera le
livre qu’il nous promet. Nous trouverons dans les volumes annoncés le
fil conducteur qui nous a trop manqué aujourd’hui, une détermination
précise des époques capitales et des influences empruntées aux voisins;
nous y puiserons aussi des renseignements de toute sorte sur les nobles
industries auxquelles nous avons à peine fait allusion : la céramique, la
broderie et les tissus, le travail des métaux, un des triomphes les plus
authentiques du génie japonais. Dans les pages, malheureusement si peu
instructives, qu’on vient de parcourir, il s’agit simplement d’une entrée
en matière. C’est un premier essai, un débrouillement provisoire et hâtif
d’un art vers lequel nos études insuffisantes ne nous avaient pas encore
conduit. Par une calamité bien naturelle, le peintre Kanoaka, et Outé-
mada, le grand ciseleur, nous sont moins connus que Ghirlandaio et
Cellini. Si la curiosité s’éveille vite dans un esprit où toutes les formes
de l’art ont leurs libres entrées, l’érudition ne s’improvise pas. Nous
espérons que les japonistes, nos frères, voudront bien nous pardonner
les hésitations et les défaillances d’un premier début dans un rôle qui
n’est point le nôtre et qu’il eût été prudent de ne pas aborder sans un
sérieux apprentissage.

PAUL MAN T Z.

1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXYI, p. 413 et 300.
 
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