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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: L' orfèvrerie romaine de la Renaissance avec une étude speciale sur Caradosso, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0439

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416

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

trée, on remarquait six boutiques d’orfèvres, remplies de tous les objets
de dévotion que les fidèles pouvaient souhaiter d’emporter dans leur
patrie : médailles, chapelets, crucifix1. Le trésor de la basilique, nous le
savons par les inventaires, regorgeait des ornements sacrés les plus pré-
cieux : crosses, paix, patènes, calices, candélabres, ostensoirs, reliquaires,
pectoraux, agrafes de chapes, tiares, bijoux de toute sorte et jusqu’à des
autels en argent massif. Dans le palais du Vatican, à travers la sécheresse
des pièces comptables, on entrevoit des amoncellements de colliers,
d’anneaux, d’armes artistement ciselées, de meubles et d’ustensiles, dans
lesquels la délicatesse de la main-d’œuvre le dispute à la richesse de la
matière. Le domaine de l’orfèvrerie s’étend jusqu’au sceau, indispensable
à tout prélat2, jusqu’aux reliures dont Nicolas V fait orner ses manuscrits,
jusqu’aux rosettes incrustées dans les portes de la bibliothèque par ordre
de Sixte IV, jusqu’au harnachement de la haquenée qui porte le souve-
rain pontife. Deux fois par an, la remise de la rose d’or et celle de l’épée
d’honneur donnent lieu à d’imposantes cérémonies; la remise de l’anneau
d’investiture aux cardinaux ou évêques nouvellement nommés, la des-
truction de l’anneau du pêcheur au moment de la mort du pape, tiennent
également leur place dans le cérémonial de la cour romaine. S’agit-il de
fêtes d’un ordre profane : de tournois, de représentations théâtrales, de
festins, le luxe déployé par les papes ou leurs courtisans touche à l’in-
vraisemblance; pour la vaisselle surtout, on n’avait plus, depuis l’anti-
quité, poussé la prodigalité aussi loin : lors du fameux festin offert par le
cardinal Pierre Pdario à Eléonore d’Aragon, on admira dans la salle à
manger, indépendamment de la splendide vaisselle affectée au service des
convives, une crédence à douze gradins, qui supportait une interminable
série de vases en or ou en argent massif, ornés de pierres précieuses.

1. Les noms de quelques-uns de ces maîtres sont parvenus jusqu’à nous. Je cite-
rai Johannes Carboni, qui payait 8 florins par an pour la location de la boutique (apo-
theca) située sous la Navicella de Giotto (1405) ; Antonius Lelli Philippi, Petrus Phi-
lippi, Nicodemus, et un « magister theotonicus aurifex » (1407).

2. Un archéologue distingué, M. Alfred Ramé, vient de découvrir un monument
d’autant plus intéressant de la gravure de sceaux romaine de la fin du xve siècle qu’il
se rattache à un prélat français, l’un des promoteurs de la Renaissance dans notre
pays : Thomas James, successivement évêque de Saint-Paul-de-Léon et de Dol. L’ori-
gine italienne du sceau qu’il fit graver en 1478, lors de sa nomination à l’évêché de
Saint-Paul-de-Léon, ne saurait être révoquée en doute : l’Annonciation qui y est gra-
vée représente le plus pur style de la première Renaissance. Le séjour prolongé de
Thomas James à Rome, où il remplit les fonctions de gouverneur du château Saint-
Ange, change cette présomption en certitude. Le Bulletin des Travaux historiques
publiera prochainement la notice de M. Ramé.
 
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