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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Bigot, Charles: Le Salon de 1883, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0484

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Zi60

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fort, car elle est certainement de toutes la plus libérale et la plus équi-
table. C’est l’art mis en république et délivré de ces protecteurs dont les
caprices sont plus redoutables que leurs bienfaits ne sont assurés. Mais
on voit aussi quel est pour nous l’intérêt de cette expérience. Qu’est de-
venu, que va devenir l’art français, débarrassé en quelque sorte des cor-
nacs officiels chargés de lui indiquer la voie à suivre, et n’ayant plus de
conseils à recevoir que de lui-même?

Cela dit, hâtons-nous d’entrer en matière. On a bien compris mainte-
nant quel est le but unique de cette étude. On nous excusera donc de
passer rapidement sur un certain nombre d’œuvres, remarquables d’ail-
leurs à un titre ou à un autre, mais qui ne serviraient point au travail
que nous nous sommes proposé, quelquefois même de les omettre. On ne
nous en voudra pas non plus de ne pas faire justice d’un certain nombre
d’autres ouvrages dont les auteurs mériteraient pourtant quelques bonnes
vérités, ne fût-ce que pour expier l’ennui qu’ils ont infligé à nos yeux. Il
ne manque pas de gens, de notre temps où la peinture est devenue un
métier lucratif, qui sont entrés dans un atelier comme ils se seraient faits
commis de magasin ou employés des bureaux de la Seine. Mais c’est un
médiocre plaisir de grêler sur le persil, et ce n’est pas la faute de ces
pauvres diables s’ils ont pris un mauvais chemin dans la vie. Ils ne de-
manderaient pas mieux que d’avoir du talent ; et l’irrémédiable malheur
c’est qu’ils n’en auront jamais ! Je ne sais si la critique peut, comme on
l’a prétendu, tuer le talent de gens qui en ont, mais, ce que je sais bien,
c’est qu'elle n’en a jamais donné à qui en manque !

Il y a dans l’art deux choses distinctes : les sujets que traite l’artiste;
la façon dont il les traite. L’une est ce que j’appellerai l’inspiration, l’autre
se compose des moyens divers qui lui servent à exprimer cette inspira-
tion. L’une est, si l’on veut, la pensée, l’autre le style. Il n’existe d’art
véritable que lorsque la pensée et le style sont en parfaite harmonie,
lorsque l’inspiration de l’artiste trouve pour s’exprimer les moyens d’exé-
cution qui lui conviennent le mieux. Pour ne pas sortir de l’art qui nous
occupe, ni les maîtres hollandais ou flamands n’ont compris la vie et
aussi la nature comme les avaient comprises et aimées les maîtres ita-
liens, ni ils ne les ont peintes comme eux. L’égal mérite des uns et des
autres a été dans leur sincérité et dans l’accord parfait du fond et de la
forme.

Dans l’analyse que j’essaye, je suivrai la division que je viens d’indi-
quer. Où va l’inspiration de nos artistes, et vers quels sujets se sentent-ils
attirés aujourd’hui? Tel sera le sujet de cet article. Y a-t-il également,
entre toutes les façons de peindre, une peinture qui manifestement attire
 
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