ISABELLE D’ESTE ET LES ARTISTES DE SON TEMPS. 199
chapelle du Castello, ceux qui portent la date de 1431 attestent que
Giovanni Battista Bertani, par ordre de Jules Romain, préfet des
fabriques ducales depuis 1524 jusqu’à sa mort, a substitué aux pein-
tures de Léon Bruno tout un ensemble de décorations nouvelles. Or,
ceux qui connaissent les œuvres de Léon Bruno, très rares en dehors
de Mantoue, auront été frappés d’un certain air de parenté avec
celles du Corrège, et, comme il semble établi que ce dernier, très
jeune encore, est venu à Mantoue, qu’il y a certainement vu les
œuvres du maître, puisqu’il aurait peint le petit Studiolo à l'époque
où les peintures de Léon Bruno existaient encore dans le
Castello : on en peut conclure sans témérité que l’Allegri, sans mar-
cher dans les sentiers de Lorenzo Bruno, a pu subir son influence.
C’était notre impression en visitant les sanctuaires où l’on conserve
des peintures du maître, même avant de connaître le Studiolo du
Castello; ce sera, nous n’en doutons pas, celle de tous ceux qui
verront les grandes toiles de Léon Bruno dans les monuments1. A
l’appui de cette assertion, nous trouvons une confirmation dans un
passage delà notice du catalogue du Musée du Louvre2, etDonesmondi,
1. « Doppo publicata l’opéra del chiarissimo francli (Notizie di Leon Bruno.
Mantoue, 1825), nella parte posteriore antica abbandonnata del Castello di Mantova
si scopersero altre bellishne pitture di questo insigne pittore. Leon Bruno... le
pitture di oui discorriamo sono nella voila delta piccola sagrestia di un oratorio die
serviva di Capella ai Principi Gonzaga oggi del tutto abbandonnata. » (Luigi Coddc.
Memorie f/i.ografiche in forma di dizionario dei pittori, scultori, architetli ed incisori
Mantovani.)
2. Le rapprochement suivant est fait pour frapper le lecteur: Frédéric Yillot, dans
sa notice sur le Corrège [Catalogue du Musée du Louvre, édition 1872), s’exprime
ainsi : « Les nombreux biographes d’Allegri se sont efforcés d’éclaircir ce point
mystérieux des influences subies, et presque tous ont attribué à des personnages
différents l'honneur d’avoir enseigné au Corrège les premiers éléments de la
peinture... On en est réduit sur ce point à de simples conjectures... Que le jeune
Antonio se soit perfectionné en étudiant à Modène, à Parme, à Reggio, les seules
villes oh nous avons la certitude qu’il ait été, devant les ouvrages de Mantegna, de
Francesco Bianchi, de Costa, de Leon Bruno, du vieux Dosso, et les antiquités
réunies dans le cabinet d'Isabelle d’Este; que dans les premiers ouvrages on
retrouve quelque sécheresse et l’influence du style ancien; cela n’a rien que de fort
naturel. » — On remarquera qu'à côté de la confirmation de l’influence subie, il y
a ici contradiction : Yillot doute de la présence du Corrège à Mantoue, ou du
moins il dit qu’il n’en a pas été fourni de preuves; mais il avance que l’artiste a
vu les collections d’Isabelle d’Este. Où les aurait-il vues, sinon à Mantoue? Or,
non seulement le Corrège a pu les voir, mais il a laissé alors nombre d’œuvres à
Mantoue.
chapelle du Castello, ceux qui portent la date de 1431 attestent que
Giovanni Battista Bertani, par ordre de Jules Romain, préfet des
fabriques ducales depuis 1524 jusqu’à sa mort, a substitué aux pein-
tures de Léon Bruno tout un ensemble de décorations nouvelles. Or,
ceux qui connaissent les œuvres de Léon Bruno, très rares en dehors
de Mantoue, auront été frappés d’un certain air de parenté avec
celles du Corrège, et, comme il semble établi que ce dernier, très
jeune encore, est venu à Mantoue, qu’il y a certainement vu les
œuvres du maître, puisqu’il aurait peint le petit Studiolo à l'époque
où les peintures de Léon Bruno existaient encore dans le
Castello : on en peut conclure sans témérité que l’Allegri, sans mar-
cher dans les sentiers de Lorenzo Bruno, a pu subir son influence.
C’était notre impression en visitant les sanctuaires où l’on conserve
des peintures du maître, même avant de connaître le Studiolo du
Castello; ce sera, nous n’en doutons pas, celle de tous ceux qui
verront les grandes toiles de Léon Bruno dans les monuments1. A
l’appui de cette assertion, nous trouvons une confirmation dans un
passage delà notice du catalogue du Musée du Louvre2, etDonesmondi,
1. « Doppo publicata l’opéra del chiarissimo francli (Notizie di Leon Bruno.
Mantoue, 1825), nella parte posteriore antica abbandonnata del Castello di Mantova
si scopersero altre bellishne pitture di questo insigne pittore. Leon Bruno... le
pitture di oui discorriamo sono nella voila delta piccola sagrestia di un oratorio die
serviva di Capella ai Principi Gonzaga oggi del tutto abbandonnata. » (Luigi Coddc.
Memorie f/i.ografiche in forma di dizionario dei pittori, scultori, architetli ed incisori
Mantovani.)
2. Le rapprochement suivant est fait pour frapper le lecteur: Frédéric Yillot, dans
sa notice sur le Corrège [Catalogue du Musée du Louvre, édition 1872), s’exprime
ainsi : « Les nombreux biographes d’Allegri se sont efforcés d’éclaircir ce point
mystérieux des influences subies, et presque tous ont attribué à des personnages
différents l'honneur d’avoir enseigné au Corrège les premiers éléments de la
peinture... On en est réduit sur ce point à de simples conjectures... Que le jeune
Antonio se soit perfectionné en étudiant à Modène, à Parme, à Reggio, les seules
villes oh nous avons la certitude qu’il ait été, devant les ouvrages de Mantegna, de
Francesco Bianchi, de Costa, de Leon Bruno, du vieux Dosso, et les antiquités
réunies dans le cabinet d'Isabelle d’Este; que dans les premiers ouvrages on
retrouve quelque sécheresse et l’influence du style ancien; cela n’a rien que de fort
naturel. » — On remarquera qu'à côté de la confirmation de l’influence subie, il y
a ici contradiction : Yillot doute de la présence du Corrège à Mantoue, ou du
moins il dit qu’il n’en a pas été fourni de preuves; mais il avance que l’artiste a
vu les collections d’Isabelle d’Este. Où les aurait-il vues, sinon à Mantoue? Or,
non seulement le Corrège a pu les voir, mais il a laissé alors nombre d’œuvres à
Mantoue.