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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 2
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Reymond, Marcel: Lorenzo Ghiberti (1378 - 1455)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0149

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LORENZO GHIBERTI

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minime, qu'elles se retrouvent encore au xv° siècle chez tous
les peintres qui, eux, de l’avis unanime, ne se sont pas inspirés
de l’antiquité, et qu’elles disparaissent précisément le jour où
s’exerce librement l’influence antique. Cette influence au xvi0 siècle
n’a-t-elle pas eu, en effet, pour conséquence de supprimer cette
élégance, cette jeunesse, cette fraîcheur, ce spiritualisme de l’art
chrétien, pour y substituer la force et la lourdeur de la statuaire
romaine?

Ghiberti, dans ses Commentaires, ce livre si précieux, nous
révèle lui-même toutes les préoccupations de son esprit. Sans doute
il aime l’art grec; qui ne l’aimerait pas? Mais cette admiration ne
l’empêche pas de louer avec le plus vif enthousiasme les maîtres
italiens ses prédécesseurs, et il semble même ne pas se rendre un
compte exact de la différence qui existe entre l’art grec et l’art
italien du xiv° siècle. Les maîtres de l’école giottcsque lui paraissent
si éminents, qu’il les compare aux plus grands artistes de la Grèce b
Si vraiment Ghiberti s’était inspiré des œuvres de l’antiquité
grecque, n’aurait-il pas vu combien elles différaient des œuvres de
l’art chrétien?

Au nombre des sculptures gothiques que Ghiberti devait con-
naître, il ne me paraît pas téméraire de placer les sculptures de
Strasbourg, Y Ancienne et la Nouvelle Loi et surtout les œuvres plus
récentes du portail principal, les Vierges folles et les Vierges sages.
Les sculptures de Strasbourg, moins solennelles, moins graves que
les sculptures de l’Ile-de-France, appartiennent par certains côtés à
ces écoles des bords du Rhin, plus gracieuses, plus douces, où le
mysticisme religieux s’allie d’une façon si charmante à la recherche
de la beauté féminine, dans nne manière qui a la plus grande ana-
logie avec le style de Ghiberti1 2.

Quelle différence entre l’attitude de Ghiberti, si respectueuse et

1. « Giotto compta des élèves innombrables, tous aussi habiles que les Grecs
de l’antiquité... J’estime qu’en ce temps (xivc siècle) l'art de la peinture florissait
en Toscane plus qu’à toute autre époque et bien plus qu’il n’avait jamais fleuri en
Grèce. » Ghiberti, Commentaires.

2. Nous savons positivement que Ghiberti était très au courantdes recherches
de l’école gothique. 11 célèbre tout particulièrement un maître allemand « dont
les ouvrages, dit-il, par leur fini, rappelaient ceux des anciens sculpteurs grecs.
Il excellait dans les têtes et dans toutes les parties du corps. Il y avait une grâce
exquise dans ses œuvres. » Et il ajoute un détail qui est de la plus haute impor-
tance : a J’ai vu un très grand nombre de plâtres moulés sur ses statues. »
 
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