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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 3
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Ramiro, Érastène, Louis Legrand - peintre-graveur: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0271

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254

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

se rapproche, pour l’ordonnance, des beaux travaux qu’il consacra naguère au
maître belge et qui obtinrent un si retentissant succès. On y trouve une courte,
une substantielle notice biographique et critique ; puis, dressé avec une com-
préhension et un soin rares, le catalogue descriptif des quatre-vingt-quinze eaux-
fortes et des dix-sept lithographies qui constituent, à l’heure présente, l’œuvre
gravé de M. Louis Legrand.

11 se recommande, tout à la fois, par l’inspiration et par la rare atti-
rance d’une technique toute personnelle. Les méthodes de l'eau-forte classique
ne sont pas, tant s’en faut, celles que préconise M. Louis Legrand. 11 récuse
l’usage de la pointe, trop mesquine à son gré, et répudie le travail traditionnel
qui inverse l’effet. Avec un crayon, par lui composé, M. Legrand trace l’image sur
le métal recouvert d’un grain de résine, plus ou moins fin selon le sujet. Il obtient
de la sorte un dessin s’enlevant, dans ses valeurs définitives, en noir sur le fond
clair du cuivre; la plaque ainsi dessinée est revêtue de vernis, puis plongée dans
l’eau. Bientôt le vernis de se soulever sur le parcours du crayon et de laisser
le cuivre à nu à travers la couche de résine; l’artiste n’aura plus maintenant
qu’à faire mordre, pour obtenir le premier état de sa planche. De l’emploi de ce
procédé sont résultées de précieuses acquisitions nouvelles. J’insiste sur la qualité
que prend le dessin libre, large, sur le gras du modelé, sur la délicate notation
de l’enveloppe et des jeux de la lumière. De longtemps l’eau-forte n’avait été à
ce point renouvelée et contrainte d'atteindre à une pareille puissance, à tant de
variété et à tant de souplesse.

Au moment où paraît le livre qui consacre son talent, M. Louis Legrand
vient à peine de dépasser la trentaine. Quelle carrière n’est-on pas en droit de lui
présager après une première étape si brillamment parcourue ! Les débuts de
l’artiste comme illustrateur, voici tantôt dix années, n’avaient point échappé aux
juges compréhensifs et lucides ; d’emblée, ils avaient été séduits par la prodigieuse
alerte du dessin, par ce qui semblait une science laborieusement acquise et par
ce qui n’était, en réalité, que le témoignage d'un don et d’une spontanéité hors
du commun. Par bonheur, une si belle sûreté de moyens s’emploie à transcrire
une observation qui n’est ni photographique, ni littérale. Que M. Louis Legrand
erre en Bretagne et qu’il s’improvise alors lithographe, qu’il se plaise à noter
les plus vulgaires spectacles, il saura, en toute occasion, s’élever au-dessus de
la vérité immédiate, dégager le particularisme des sites et des allures, définir,
dans ses traits essentiels, le sol et l’habitant. Au cap de la Chèvre1, M. Louis
Legrand a été frappé par l’aspect désolé des plages et surtout par le geste du
paysan, de la paysanne. Il lui a semblé que la simplicité seule pouvait rendre le
caractère quasi sauvage de ces simples, et pour cela il a approprié sa manière au
sujet, donné à son écriture de synthétiques abréviations de primitif,

Un primitif, tel est bien vraiment M. Louis Legrand. Tout d’abord la qualifica-
tion surprend, déroute, semble hors de propos. Ou songe aux motifs coutumiers
de ses estampes, à son illustration du Cours de Danse fin de siècle 2, à sa suite

1. Le Cap de la Chèvre, album de quatorze lithographies, sous couverture illus-
trée. — Pellet, éditeur.

2. Cours de danse fin de siècle, par Erastène Ramiro. 1 vol. in-8°, Dentu, 1892, illustré
par Louis Legrand de onze eaux-fortes et de vingt-trois fleurons, culs-de-lampe et lettres
ornées.
 
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